L'industrie de l'électronique et de l'informatique converge tout entière à Las Vegas, cette semaine. Le Consumer Electronics Show, ou CES, est la plus grosse exposition nord-américaine du genre, puisqu'elle attire tous les grands noms de l'industrie, ainsi que les plus petites entreprises en quête de nouveaux clients. Les technos québécoises n'y échappent pas.

Cette année, le contexte du CES est à l'image de la situation économique globale: tandis que des multinationales comme Sony annoncent d'importantes mises à pied 8000 postes, ou 4% de ses employés, d'ici 15 mois, les visiteurs, eux, n'ont pas vu de chambres d'hôtel et de vols directs aussi abordables depuis longtemps...

 

N'empêche: malgré les nombreux communiqués annonçant des nouveautés attrayantes dans presque tous les secteurs, les organisateurs prévoient une baisse d'achalandage d'environ 8% par rapport à 2008. L'espace occupé par les quelque 2700 kiosques érigés pour l'occasion a d'ailleurs lui-même été revu à la baisse.

Du côté des présentations, seul Bill Gates, qui a quitté la direction de Microsoft l'été dernier, fera défaut, une première depuis 11 ans. Son dauphin Steve Ballmer prendra la relève à l'occasion de la prestigieuse conférence d'ouverture. Signe des temps, le président de Ford Motor, Alan Mullaly, sera aussi de l'événement, tout comme ses homologues de Sony, Intel et Cisco.

Après la télé HD, la télé 3D?

Si l'édition 2008 du CES semblait toute dévouée à la sacro-sainte haute définition (HD) et aux téléviseurs panoramiques ultraminces, cette année, il se pourrait bien qu'on soit déjà rendus à la prochaine étape. Des studios hollywoodiens, des fabricants de téléviseurs et des propriétaires de salles de cinéma vont dévoiler des nouveautés qui feront à la fois dans la HD et dans le 3D.

Selon Richard Laberge, cofondateur de la société montréalaise Sensio, qui tente d'imposer sa propre technologie d'encodage vidéo stéréoscopique dans l'industrie du film et de la télévision, il faut s'attendre à une offensive majeure de l'image en trois dimensions d'ici 2010. «Il semble y avoir un consensus au sein des grands studios là-dessus: après le HD, ce sera le 3D, et ensuite ce sera une forme améliorée de HD avec une plus haute définition encore.»

Sensio, qui célèbre ses dix ans, prend l'arrivée de nouveaux concurrents, comme Dolby, avec un grain de sel. «S'il n'y avait pas de concurrence, il n'y aurait pas d'industrie», résume M. Laberge, qui compte sur ses liens étroits avec certains studios hollywoodiens pour tirer son épingle du jeu.

L'entrepreneur montréalais profitera également du CES pour s'attaquer à la webdiffusion en 3D, et compte rencontrer les dirigeants de Dell et Hewlett-Packard à ce sujet. En plus d'organiser la diffusion en direct et en trois dimensions d'un match de basketball dans un cinéma situé à proximité du CES.

Un incontournable

Claude McMaster, président de D-Box, sera également sur place. Lui aussi s'attend à un CES plus modeste, cette année. Il est néanmoins optimiste pour son entreprise, grâce à des ententes conclues dernièrement avec les studios hollywoodiens Disney, Fox et Sony Pictures, ainsi qu'avec le développeur de jeux vidéo Electronic Arts.

Depuis l'automne, certains films mis en marché en format Blu-ray sont compatibles avec la technologie «Motion Code» des sièges à simulation de mouvements de D-Box.

«Les studios nous aiment parce qu'on ajoute un niveau de réalisme à leurs films ou à leurs jeux, explique M. McMaster. C'est comme quand ils ont ajouté le son à l'image noir et blanc dans les années 20.»

D-Box dévoilera au CES un nouveau produit destiné aux salles de cinéma. En s'adressant ainsi à trois marchés distincts (cinéma maison, salles de cinéma et jeu vidéo), l'entreprise pense pouvoir faire de bonnes affaires à Las Vegas.

«Je pense que malgré tout, 2009 sera une excellente année pour nous», conclut Claude McMaster.