Le Storm, disponible depuis une semaine chez Bell et Telus, est le tout premier BlackBerry à écran tactile à voir le jour. Même s'il n'est pas présenté ainsi, ce téléphone intelligent est ni plus ni moins la réplique de Research In Motion au iPhone d'Apple. Technaute le teste depuis mercredi dernier.

Les bancs d'essai, c'est bien. Mais c'est dans l'action qu'un gadget électronique prouve véritablement sa valeur. Et de l'action, depuis qu'on m'a prêté un BlackBerry Storm pour en faire l'évaluation, il n'en a pas manqué. Jeudi, 14h. Les gros titres apparaissent sur les téléviseurs de la salle de rédaction de La Presse: «Évacuation de l'UQAM». Les premières informations laissent croire qu'un homme armé est dans l'université.

Le répartiteur dépêche un petit commando de journalistes. Le temps d'enfiler mes bottes, de ramasser un carnet de notes et une poignée de stylos, je suis prêt à déguerpir.

BlackBerry ou iPhone ? Je ne prends pas de chance, je glisse le Storm dans ma poche gauche, mon iPhone dans la droite.

Arrivé sur place, les deux téléphones ont servi. Le iPhone beaucoup plus que le Storm, je dois avouer. Je vous explique pourquoi un peu plus loin.

Ceux qui suivent l'actualité techno ont largement entendu parler du Storm ces dernières semaines, et généralement en mal. Le critique du New York Times, David Pogue, a démoli le bidule, qu'il a surnommé « BlackBerry Nul » (BlackBerry Dud). Je ne suis pas d'accord avec lui, même si le Storm m'a déçu à bien des égards.

Deux philosophies

Dans le monde des téléphones intelligents, deux philosophies s'affrontent. Il y a celle d'Apple, pour qui un téléphone est un centre de divertissement mobile qui peut servir, au surplus, de solide outil de communication. Puis il y a le standard fixé par Research In Motion, qui a toujours pensé ses téléphones comme des outils de guerre, des appareils à clavier pas nécessairement très esthétiques, mais faits pour écrire vite. Des monstres d'efficacité.

Le Storm, conçu pour faire compétition au iPhone, tombe entre les deux catégories. Et malheureusement, n'excelle ni dans l'un, ni dans l'autre.

Côté réception, je n'ai que de bons mots pour le Storm. Les fonctions de téléphonie sont impeccables. Les courriels, nombreux pour un journaliste qui couvre une crise comme celle survenue jeudi dernier, entraient sans problème dans les murs de l'UQAM. La présentation typique du BlackBerry les rendait parfaitement lisibles, facilement accessibles. Mais quand est venu le temps d'y répondre pour envoyer de nouvelles informations à Cyberpresse, les choses se sont gâtées.

Le Storm est retourné dans ma poche. Il y est resté.

Son clavier virtuel, en situation de stress, est devenu une source majeure de frustration. J'ai dû me rabattre sur mon iPhone, dont le clavier tactile est pourtant loin de faire l'unanimité.

La grande particularité de l'écran tactile du Storm réside dans le fait qu'il faut appuyer dessus comme si on cliquait un bouton de souris - pour saisir une lettre ou pour interagir avec l'interface. Plusieurs critiques sévères ont été faites à l'égard de ce concept. Personnellement, je le trouve plutôt fonctionnel et intuitif. Par contre, le dispositif de «feedback» visuel du clavier du Storm, qui nous permet de savoir si on s'apprête à cliquer sur la bonne lettre ou pas, est à mon avis complètement raté. En glissant le doigt sur une touche, la lettre s'illumine en bleu. Après quelques heures de zigonnage, j'en suis arrivé à croire que les ingénieurs de RIM ont testé le système sur des cobayes dotés de pouces translucides. Le taux d'erreur est atterrant. Saisir une simple adresse de courriel peut prendre plus de 20 secondes.

Autre irritant: lorsqu'on penche le Storm sur le côté, son écran passe en mode paysage, mais les capteurs sont si sensibles que l'affichage est constamment en train de basculer.

Et je ne sais pas si c'est propre à l'appareil qu'on m'a prêté, mais je n'ai par ailleurs jamais pu faire fonctionner le GPS convenablement. À chaque tentative apparaissait la phrase «no data available» en guise de carte. Frustrant.

Pas de WiFi ?!?

Fait étonnant, Research In Motion n'a pas jugé bon d'intégrer de modem WiFi à son bidule. Gravissime erreur. Pourtant, même les organisateurs personnels démodés de Palm sont dotés de capacités WiFi. Mais pas le Storm. Le moindre transfert de données se fait par les ondes cellulaires des réseaux EV-DO de Bell et Telus. Côte à côte avec le iPhone 3G, qui roule sur le réseau de Rogers/Fido, le Storm a mis quelques secondes de plus à charger la page de Cyberpresse. Branché sur un réseau WiFi, le iPhone n'est tout simplement plus comparable. On aurait dit d'une Formule Un face à une trottinette.

Pour le reste, le BlackBerry Storm demeure une machine bien faite. Son écran est splendide et affiche des couleurs vives. Le boîtier est bien fait et, à mon avis, assez élégant.

L'interface en général, à l'exception de celle du clavier virtuel, est intuitive, quoi que le défilement des pages web, des courriels et des photos soit légèrement saccadé

L'appareil photo de 3,2 mégapixels intégré au Storm est par ailleurs à couper le souffle. On peut faire le foyer avec une précision d'horloger, ce qui rend l'appareil très utile pour faire des photos de documents à la hâte. La batterie offre aussi une durée de vie impressionnante. On peut facilement passer deux jours sans charger l'appareil. De quoi faire rougir de gêne le iPhone.

Mais tout compte fait, ce sont là des avantages qui se trouvent aussi sur le BlackBerry Bold, le petit frère du Storm, qui lui, est muni du bon vieux clavier physique qui a fait la renommée de la marque et le bonheur de millions d'«addicts».

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Chez Telus: 250$ avec entente de service de 3 ans, ou 600$ sans contrat.

Chez Bell: 250$ avec entente de 3 ans et forfait voix et données d'au moins 45$ par mois.