A l'avenir, l'ensemble des objets du quotidien, des lunettes au porte-clés, pourraient être équipés de puces électroniques, promettant un nombre infini d'applications révolutionnant le quotidien... au risque de menacer parfois les libertés individuelles.

«Le potentiel du marché est énorme», souligne Vincent Bonneau, analyste de l'Idate (Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe), chacun possédant environ 2000 objets.

Illustrant cette évolution vers le tout connecté, téléviseurs, baladeurs, appareils photo et cadres numériques permettent de plus en plus de se connecter à internet. Bientôt ce sera au tour des produits dépourvus d'électronique de faire leur entrée dans l'ère numérique.

Des applications, basées sur la technologie RFID (identification par radio-fréquence), existent déjà, à l'image du passe Navigo dans les transports parisiens, la géolocalisation des véhicules dans certaines entreprises ou encore les bracelets électroniques anti-enlèvement dans les maternités.

Cette technologie, notamment utilisée pour suivre les bagages dans certains aéroports ou les marchandises de l'usine aux magasins, est encore peu appliquée au grand public, mais le champ de possibilités est large.

A terme, le consommateur pourra par exemple dénicher une mine d'informations (prix, présence d'allergènes, d'OGM...) en approchant simplement son téléphone mobile d'un article. Le code-barres ne sera alors plus qu'un vieux souvenir.

Le principe est simple : si un objet doté d'une étiquette électronique est mis à proximité d'un lecteur (mobile, borne...), un signal d'identification est envoyé, permettant le déclenchement d'actions très diverses.

Au réveil, une simple tasse de café placée près d'un appareil : et hop, «votre boîte mail s'ouvre automatiquement sans avoir à rentrer le mot de passe», relate Toon Coopens, l'un des fondateurs de Tikitag, une filiale d'Alcatel-Lucent, qui propose une offre de ce type.

Vous rentrez de soirée, vous déposez vos clés, et un SMS est envoyé à vos proches pour les rassurer. Quant aux enfants, ils pourront choisir d'équiper leur ours en peluche pour «démarrer leur musique préférée».

Ces technologies, développées également par la société française Violet avec son lecteur «Mirror», font miroiter la promesse d'un monde entièrement connecté.

Mais il ne faut pas sous-estimer les «réticences des consommateurs européens» face aux menaces qu'elles font peser sur la vie privée, prévient Nick Jones, chef de recherche au sein du cabinet d'études Gartner.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) met elle aussi en garde sur les risques liés au développement de ces objets «communicants».

L'objectif est de «mettre en place des outils aussi bien juridiques que techniques qui permettront à l'utilisateur d'avoir le contrôle sur les données qui seront détenues par ces puces», explique Gwendal Le Grand, chef du service de l'expertise informatique à la Cnil.

Dans le cas de la distribution, la Commission souhaite notamment «que la puce soit désactivée par défaut après le point de vente».

Une requête qui s'inscrit en ligne avec la position défendue par le gouvernement : le secrétaire d'Etat à l'Economie numérique, Eric Besson, a ainsi récemment préconisé la mise au point de solutions assurant au citoyen un droit au «silence des puces».