Après plusieurs années de course folle à l'équipement dans les foyers français, les ventes d'appareils photo numériques marquent le pas. Un défi pour les fabricants qui rivalisent d'imagination pour séduire des clients rendus frileux par la crise.

Au Salon de la photo, qui se tient jusqu'à lundi porte de Versailles à Paris, les visiteurs sont certes au rendez-vous, à l'affût des nouveautés à l'approche de Noël, mais l'euphorie des années passées est révolue.

«Nous commençons à sentir le ralentissement économique, même si l'on peut penser que le consommateur continuera à se faire des petits plaisirs. C'est notable sur ce salon: la fréquentation est en hausse, mais les ventes sont affectées», explique Bernard de Lapeyrière, directeur marketing de la division photo France du fabricant coréen Samsung.

L'institut d'études GfK a d'ailleurs décidé de revoir à la baisse ses prévisions annuelles, publiées mi-septembre: initialement attendu en progression de 4% en volume, le marché ne devrait finalement être qu'en «très légère hausse» en 2008, après "8% l'an dernier, selon l'analyste Noëlie Joire.

Et 2009, poursuit-elle, «sera la dernière année de croissance, dans un marché parvenu à maturité»: plus de 65% des foyers français sont équipés d'un appareil numérique.

Dans ce contexte morose, les fabricants cherchent à inciter les acheteurs à changer leur matériel en lançant sans cesse de nouvelles gammes pour tous les goûts et tous les prix, malgré l'absence d'innovations techniques majeures.

«Il y a eu une mutation sociologique: avant, l'appareil photo était un objet familial, utilitaire et pas très beau, qu'on sortait pour les grandes occasions et qu'on changeait quand il était cassé», relève Luc Saint-Elie, responsable des nouvelles technologies chez le constructeur japonais Panasonic.

Désormais, il fait partie de la sphère personnelle et devient obsolète au bout de deux à trois ans d'utilisation en moyenne.

Pour attirer le chaland, les constructeurs jouent donc à l'extrême la carte du design: «Comme le marché est très mature, cela permet aux personnes de s'approprier un peu plus l'appareil», souligne Matthieu Lanier, responsable marketing de l'imagerie numérique chez Sony France.

Ainsi cette année, on peut opter pour le style vintage aux coloris pastel de Canon, préférer les modèles ultra-fins (15 mm d'épaisseur) de Sony ou encore ceux à écran tactile de Nikon.

Dans tous les cas, «la couleur explose à tous les étages, du rose fuchsia au vert amande», constate Bernard Prat, chef produit photo à la Fnac, rappelant que «plus de 65% des achats de compacts sont faits par et pour les femmes».

Autre nouveauté, l'apparition de produits tout-terrain, résistants au froid, aux chocs et étanches jusqu'à 3 à 4 mètres de profondeur, proposés par Olympus ou Pentax, pour les baroudeurs.

Les plus exigeants porteront quant à eux leur choix sur des appareils haut de gamme aux objectifs interchangeables, les réflex numériques. Souvent jugés trop gros, trop lourds ou trop compliqués, ils se veulent désormais plus accessibles pour rallier les novices.

Principal moteur de croissance du marché, ils sont au coeur de toutes les attentions. Car leur montée en puissance pourrait bien rebattre les cartes du secteur au profit des acteurs historiques de la photo, comme Canon, Nikon ou Olympus, bousculés par les groupes d'électronique depuis l'avènement du numérique.