Le géant de l'électronique japonais Sony a sabré jeudi ses prévisions de résultats financiers pour l'année en cours, touché de plein fouet par la conjoncture mondiale dégradée et son cortège de conséquences malheureuses, dont la hausse soudaine du yen.

Sony, qui avait déjà abaissé ses prétentions en juillet, ne table plus que sur un bénéfice net annuel de 150 milliards de yens (1,96 G$ CA), inférieur de plus de moitié à celui réalisé l'an passé.«La conjoncture économique s'est brutalement dégradée et notre situation financière est en-deçà de nos estimations de juillet en raison notamment de la forte appréciation du yen», a expliqué le directeur financier du groupe, Nobuyuki Oneda, lors d'une conférence de presse.

La brusque et forte hausse de la monnaie japonaise produit des effets désastreux sur les hypothèses de recettes tirées des téléviseurs, des appareils photo numériques, des caméscopes et autres équipements électroniques distribués à l'échelle mondiale.

Sony, qui pariait toujours en juillet sur un taux de change de 105 yens pour un dollar US, presque aussi favorable qu'en 2007, ne peut en outre pas exclure de nouveaux déboires avec les devises, si d'aventure ses estimations actuelles pour les six mois à venir (100 yens pour un dollar US) s'avèrent encore trop optimistes. La dollar US s'échangeait jeudi sous les 98 yens.

Autre conséquence de la crise, la baisse de la demande de produits-vedettes, principalement aux Etats-Unis et en Europe.

«Nous pensons désormais que nous écoulerons 16 millions de téléviseurs cette année, alors que nous ciblions 17 millions précédemment», a précisé M. Oneda.

Du coup, cette activité majeure et emblématique, qui devait redevenir rentable cette année, risque de la terminer une fois de plus dans le rouge. Idem pour celle des jeux vidéo, affectée par les taux de change, même si les ventes de consoles et divertissements numériques associés se portent plutôt bien en nombre d'unités.

«Le retour aux profits d'exploitation (dans ces deux domaines) apparaît désormais difficile», a reconnu le patron des finances du groupe, insistant sur le fait que la guerre des prix entre concurrents dans le secteur des TV et autres produits grand public rend encore plus difficile le maintien des profits.

S'attendant également à des ventes moindres que prévu d'appareils photos et de caméras numériques, le fleuron de l'électronique nippon n'escompte désormais plus qu'un chiffre d'affaires annuel de 9000 milliards de yens (118 G$ CA) contre 9200 milliards auparavant attendus et 8871 milliards encaissés l'an dernier.

Le groupe, qui venait pourtant tout juste de renouer avec la forte rentabilité en 2007 et de redonner ainsi le moral, tant à ses salariés qu'à ses actionnaires, pense que la situation économique ne va pas se redresser en quelques semaines.

«Nous devons nous préparer à des temps difficiles», a confié M. Oneda, ajoutant que Sony envisage un «plan d'action» pour «réduire les coûts», en revoyant par exemple les projets d'investissement.

Le but sera de restaurer au moins partiellement des marges qui ont fondu à cause d'événements extérieurs soudains, imprévus, qui ont ruiné en un rien de temps les efforts entrepris depuis 2003 au prix d'une restructuration dans la douleur.

«Il n'est pas encore possible de préciser la nature et l'ampleur des décisions que nous allons prendre, mais nous devons mettre en oeuvre des mesures concrètes», a indiqué M. Oneda.