Quel automobiliste n'a jamais maudit son appareil de navigation GPS pour l'avoir mené dans une rue à sens interdit ou une impasse ? Pour éviter ces erreurs, des géographes arpentent quotidiennement depuis 20 ans les routes de la planète, traquant le moindre changement.

Un travail de titan que seuls deux acteurs sont capables d'assurer au niveau mondial, l'américain Navteq et le néerlandais Tele Atlas, qui viennent de passer respectivement dans le giron des géants Nokia et TomTom.

Pour la mine d'or que représentent ces données cartographiques, le finlandais Nokia, numéro un mondial des téléphones portables, a déboursé 7,7 G$ US et TomTom, leader européen du marché des GPS, 4,6 G$ US.

Fondés tous deux dans les années 1980, Navteq et Tele Atlas ont patiemment mis sur pied une couverture complète de l'Europe de l'Ouest et de l'Amérique du Nord, une tâche immense qui n'est devenue rentable que très récemment, à la faveur du décollage des GPS.

«Pour rendre la base de données navigable, il a fallu qu'on parcoure intégralement les 36 000 communes de France», raconte Vincent Astorri, directeur des opérations pour l'Europe du Sud chez Navteq.

Aujourd'hui, de nouveaux espaces sont à conquérir: l'Europe de l'Est, la Turquie, le Moyen-Orient, l'Asie et tout doucement l'Afrique.

Et dans les 73 pays déjà couverts par les deux sociétés, soit quelque 25 millions de kilomètres, les cartes doivent être mises à jour régulièrement.

Les réseaux routiers sont en effet modifiés à hauteur de 10 à 15% chaque année, voire jusqu'à 40% dans les zones à forte densité, indique Tele Atlas.

Avant que les équipes se rendent sur le terrain, un gros travail de préparation est effectué pour «anticiper et détecter les changements», explique M. Astorri, auprès de sources telles que, en france, l'Institut géographique national (IGN), les collectivités locales, La Poste ou même la presse régionale.

Les utilisateurs sont aussi sollicités de plus en plus pour signaler les modifications via internet. La technologie «Map Share» de TomTom permet ainsi à chaque automobiliste de corriger les cartes.

«Nous allons désormais pouvoir intégrer dans les cartes toutes les informations» transmises par les clients (2 millions de corrections ont été effectuées à ce jour), assure Stéphane Lagresle, responsable marketing de Tele Atlas France, après vérification par les géographes bien sûr.

A bord de véhicules équipés de caméras sur le toit, ceux-ci «se mettent dans la peau du conducteur» et notent les moindres détails, au prix d'une attention de tous les instants: ligne blanche au sol, limitation de vitesse, panneaux de signalisation..., décrit M. Astorri.

Prochain chantier de taille: la navigation piétonne, alors que la fonction de géolocalisation se répand dans les téléphones mobiles, comme en témoigne le fait que Nokia ait jeté son dévolu sur Navteq.

Pour les cartographes, l'heure est donc venue d'explorer les grandes villes d'Europe à pied.

«L'utilisateur n'est plus considéré comme quelqu'un assis dans sa voiture, mais comme quelqu'un qui marche et se fiche de savoir qu'il y a un sens interdit», explique Franck Gaget, directeur marketing Europe de Navteq. «En revanche, il peut avoir envie de traverser un parc plutôt que de faire le tour» ou de trouver facilement une station de métro.

Pour mieux se repérer dans le dédale des grandes villes, les bâtiments et monuments commencent aussi à être représentés en trois dimensions.