Un analyste-programmeur principal dans une entreprise de technologies de l'information (TI) gagnait en moyenne 69 000 $ au 1er avril, alors qu'un emploi similaire dans l'industrie du multimédia était payé 59 000 $. Une différence salariale de 10 000 $ qu'on retrouve aussi entre les programmeurs intermédiaires de Québec et de Montréal. Ces derniers sont mieux payés - 57 600 $ comparativement à 47 900 $ pour ceux de la capitale. La raison? Le coût de la vie et la compétition dans l'embauche expliqueraient la différence.

C'est ce que révèle l'enquête salariale sur les TI menée par le groupe-conseil Aon pour le compte de TechnoCompétences. Plus de 140 entreprises y ont participé. Ensemble, elles emploient 6350 personnes.

Sur deux ans, l'augmentation moyenne des salaires tant du côté des TI que du multimédia aura été d'environ 8 %, soit à peine plus que ce qu'on enregistre dans l'économie québécoise en général. Jean-François Dumais, directeur projets ressources humaines chez TechnoCompétences, se dit surpris par ce résultat. «Les salaires en TI ont augmenté d'à peu près 4 % par année, dit-il, alors qu'on s'attendait à des pourcentages plus élevés en raison de la pénurie de main-d'oeuvre qu'accusent ces deux secteurs d'activités.»

On note toutefois que certains postes ont pris du galon, tels les contrôleurs en assurance qualité, autrefois connus sous le nom de testeurs, qui ont vu leur salaire grimper de 42 000 $ à 52 000 $ par année.

Autre différence comparativement à 2006, de plus en plus d'entreprises offrent des programmes d'avantages sociaux, par exemple des régimes de retraite et d'assurance maladie. L'objectif de ces mesures, souligne M. Dumais, est d'attirer les bons employés et de retenir ceux qu'on a déjà. On constate également que la majorité des compagnies sont plus généreuses que la Loi sur les normes du travail en ce qui concerne les vacances, octroyant trois semaines de congé après trois ans de service.

Malgré ces améliorations, l'industrie des TI éprouve encore des difficultés à recruter. Le président de ZeroSpam, David Poellhuber, aussi vice-président au C. A. de TechnoCompétences, estime que les salaires vont continuer d'augmenter tant et aussi longtemps qu'il y aura pénurie de main-d'oeuvre. Selon lui, une partie de la solution réside dans l'immigration. Mais encore faudrait-il que les gouvernements mettent en place des structures de transition afin de faciliter l'intégration de ce type d'immigrants. «Il y a présentement d'excellents programmeurs russes et bulgares sur le marché, indique M. Poellhuber. Malheureusement, il n'existe pas de passerelles pour faciliter l'entrée des étudiants dans notre industrie.»

Et ce qui complique encore la situation, c'est le grand nombre d'informaticiens d'expérience qui quittent leur emploi pour devenir travailleurs autonomes. L'Association québécoise des informaticiens indépendants en dénombre environ 850, mais en réalité, ils seraient près de 5000 sur le marché québécois. «C'est facile à comprendre parce qu'être con-sultant en informatique, c'est actuellement très payant, dit M. Pellhuber, en plus de vous donner la liberté d'établir votre propre emploi du temps.»