L'offre d'achat sur Yahoo! marque un tournant stratégique chez Microsoft, révélateur de l'entrée du géant américain du logiciel dans l'ère de l'après-Bill Gates.

L'offre d'achat sur Yahoo! marque un tournant stratégique chez Microsoft, révélateur de l'entrée du géant américain du logiciel dans l'ère de l'après-Bill Gates.

Microsoft a lancé vendredi la plus importante acquisition de son histoire, mais son président et co-fondateur brillait par son absence à la conférence de presse téléphonique présentant l'opération, preuve de son retrait progressif au sein d'un groupe en pleine mutation.

Fondé en 1975 par Bill Gates et son ami Paul Allen et entré en Bourse en 1986, Microsoft avait jusqu'à l'an dernier assuré son développement en finançant sa propre innovation plutôt que de racheter des concurrents ou des entreprises connexes.

Cette stratégie «du pas à pas» a réussi au groupe qui moissonne les profits année après année. Elle a permis à son président Bill Gates de devenir en un peu plus de deux décennies l'homme le plus riche du monde, fort d'une fortune avoisinant 60 milliards de dollars.

Or Gates a dit en juin 2006 vouloir réorienter sa vie, signalant qu'il allait progressivement délaisser ses fonctions pour se limiter à partir de juillet 2008 au rôle de conseiller du fabricant des populaires logiciels Windows.

Si l'offre de rachat de 44,6 milliards sur Yahoo! va à son terme, «cela mettra un terme à la stratégie du pas à pas de Bill Gates», note sur son blogue Mike Wendland, chroniqueur technologie au Detroit Free Press.

Bill Gates «doit quitter Microsoft cet été, à la même période que (le PDG) Steve Ballmer prévoit de boucler cette transaction», souligne cet analyste.

Microsoft, qui cherche depuis plusieurs mois à étendre sa présence dans la publicité en ligne pour rivaliser avec le leader du secteur Google, a amorcé l'an dernier une vague de rachat afin de se positionner dans ce secteur.

Le groupe a annoncé en juin l'achat de la régie publicitaire sur Internet aQuantive pour environ six milliards de dollars. Il a aussi mis la main cet automne sur 1,6% des parts du site de socialisation Facebook pour 240 millions de dollars, une opération jugée défensive par plusieurs analystes, Microsoft craignant de voir Google s'emparer de ce marché en expansion.

Et il vient de conclure le rachat du moteur de recherche Fast pour 1,2 milliard de dollars.

L'offre de Microsoft sur Yahoo! était souhaitée depuis au moins un an par Steve Ballmer, entré chez Microsoft en 1980 et PDG depuis 2000.

«Pendant des années, Microsoft a tenté de faire des progrès dans le secteur des recherches et de la publicité sur l'internet, mais peu de progrès avaient été accomplis», note Kimberly DuBord, analyste chez Briefing.com

Lors de l'annonce de son retrait progressif à la direction de Microsoft, Bill Gates avait affirmé avoir préparé une «transition en douceur» au sein du leader du logiciel, mais cette transition semble avoir été accélérée dans un contexte où le marché de la publicité sur internet, liée aux moteurs de recherche, est en pleine expansion.

Contrairement au modèle de croissance interne, par étape, attribué à Bill Gates, les rachats d'entreprises dans le secteur des hautes technologies peuvent être risqués puisque le personnel de direction et les salariés de la firme achetée quittent souvent le bateau, soulignent différents analystes.

Mais Bill Gates pourrait ne pas voir de l'intérieur puisque le milliardaire projette de se consacrer à sa nouvelle entreprise: la philanthropie.