Au moment où les baby-boomers envahissent les clubs de l'âge d'or, voici de bonnes nouvelles - pour les boomers, bien sûr, mais aussi pour ceux et celles qui auraient pu risquer de se faire écraser par ces conducteurs vieillissants. Les gens qui ont présentement 60 ans et plus ne conduiront pas comme M. Magoo. Un chauffeur électronique les dirigera sur les autoroutes, s'arrêtera à l'entrée du centre commercial et garera leur voiture.

Au moment où les baby-boomers envahissent les clubs de l'âge d'or, voici de bonnes nouvelles - pour les boomers, bien sûr, mais aussi pour ceux et celles qui auraient pu risquer de se faire écraser par ces conducteurs vieillissants. Les gens qui ont présentement 60 ans et plus ne conduiront pas comme M. Magoo. Un chauffeur électronique les dirigera sur les autoroutes, s'arrêtera à l'entrée du centre commercial et garera leur voiture.

Ce n'est pas d'hier que l'on rêve de véhicules sans conducteur. En 1969, Disney a dévoilé Un amour de coccinelle. En 1940, le magazine Popular Mechanics promettait une voiture qui vous conduirait d'un océan à l'autre en une journée. À l'Exposition mondiale de 1939, les visiteurs du Futurama de General Motors pouvaient voir des autos circuler à 160 km/h à l'aide de dispositifs électroniques.

«Un contrôle automatique par radio maintient une distance sécuritaire entre les voitures», expliquait un narrateur, pendant que les visiteurs regardaient un diaporama du Monde de demain, comprenant des hangars pour dirigeables et des aires d'atterrissage pour autogires.

«Cela vous semble-t-il étrange? Incroyable? Rappelez-vous que c'est une vision du monde en 1960», disait le narrateur.

Des progrès étonnants

D'accord, ils ont plutôt mal évalué le calendrier mais aujourd'hui, finalement, certains de ces gadgets électroniques se retrouvent sur nos routes.

Vous pouvez acheter une voiture équipée d'un régulateur de vitesse intelligent qui ralentit le véhicule automatiquement si un radar ou un laser perçoit que vous en suivez un autre de trop près. Votre auto peut vous avertir que vous errez de voie en voie. Ces types de capteurs sont déjà utilisés de façon expérimentale dans des voitures sans conducteur.

Ces véhicules ont toujours leurs bogues, mais les ingénieurs ont fait des progrès étonnants ces dernières années. En 2004, quand la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) a organisé son premier grand défi pour voitures sans conducteur, aucune n'a parcouru plus de 11 km. Au deuxième grand défi, en 2005, cinq voitures ont complété le circuit de 211 km. En novembre dernier, six voitures ont complété un parcours de 60 km où elles devaient affronter la circulation.

Ces véhicules sans conducteur ont été mis à l'essai à une base aérienne du sud de la Californie; ils ont trouvé des places de stationnement, respecté les panneaux d'arrêt, roulé au ralenti dans la circulation, cédé le passage à d'autres voitures aux intersections et réussi des convergences à une vitesse de près de 50 km/h.

On a enregistré un accident et plusieurs quasi-collisions, mais les ingénieurs sont tellement épatés des résultats qu'ils souhaitent transformer le prochain grand défi en course à haute vitesse sur un parcours de grand prix. «D'ici cinq ans, affirme Sebastian Thrun, informaticien à l'Université Stanford, il apparaît possible de construire une voiture autonome qui pourra remplir de façon fiable certaines fonctions limitées.»

M.Thrun dirige l'équipe de course de l'université, gagnante de l'épreuve de la DARPA en 2005, et deuxième à celle de novembre dernier. D'ici cinq ans, espère-t-il, une voiture pourra accomplir des tâches simples - rouler sur l'autoroute ou dans la circulation dense et stationner à un centre commercial ou à l'aéroport après le départ du conducteur. D'ici 20 ans, croit le professeur Thrun, la moitié des nouvelles voitures permettront au conducteur de confier ces fonctions à un ordinateur. Même s'il ne doute pas un instant des capacités de ces voitures de l'avenir, il ne sait pas combien d'humains accepteront le confier le volant à une machine.

Certains refuseront carrément; d'autres s'inquiéteront que les premières voitures intelligentes ressemblent aux premières versions de Windows. Mais les voitures, contrairement aux humains, gagneront en intelligence. Elles ne seront pas distraites par des appels téléphoniques. Elles ne conduiront pas en état d'ébriété. Elles ne seront pas infaillibles, parce que c'est impossible. Elles n'auront qu'à améliorer la performance des conducteurs, qui causent plus de 90% des accidents de la route et tuent un million de personnes tous les ans.

Finis les bouchons!

Les voitures intelligentes pourraient commencer par circuler dans des voies spéciales (à vitesse d'autoroute), à partir de points de contrôle dont la fonction sera de vérifier le bon fonctionnement de leur système informatique. Les conducteurs auraient au moins une bonne raison de passer les commandes à leur véhicule: finis les bouchons de circulation!

Quand une autoroute remplie de conducteurs humains fonctionne à pleine capacité, note le professeur Thrun, les voitures occupent en réalité moins de 10% de la surface routière; le reste est constitué d'espace vide autour des voitures. Les voitures intelligentes pourraient rouler plus près les unes des autres, et ainsi doubler ou tripler la capacité des routes: des ingénieurs en ont fait la démonstration avec un peloton de Buick sans conducteur, à 100 km/h, sur l'autoroute 15 près de San Diego.

Quand l'expérience a été réalisée, en 1997, l'idée semblait impraticable parce que les voitures étaient guidées par des aimants encastrés dans la route. Il semblait irréalisable de construire ces «routes intelligentes» partout au pays. Au cours des 10 dernières années, cependant, les voitures sont devenues assez intelligentes pour naviguer sur les bonnes vieilles routes stupides.

Bientôt, guidées non seulement par des GPS mais aussi par des cartes internes très précises et des capteurs par inertie, elles connaîtront leur position avec tant de précision qu'elles n'auront même pas besoin de voies marquées sur les routes comme repères. Elles communiqueront avec d'autres voitures intelligentes sur la route, permettant ainsi à un essaim de véhicules rapprochés d'avancer à l'unisson (et de réagir plus rapidement que les humains en cas de problème). Un réseau routier réservé à ces voitures n'aurait même pas besoin de feux de circulation - les autos se parleraient entre elles.

L'ère des ordinateurs

Si, selon la loi de Moore, la puissance informatique continue de doubler à tous les deux ou trois ans, les conducteurs humains seront bientôt surclassés par les ordinateurs, comme le furent les joueurs d'échecs. Combien de temps faudra-t-il aux humains pour s'adapter à leurs nouveaux chauffeurs? Certains experts estiment que l'ère des voitures intelligentes n'arrivera pas avant 2050, mais il n'est pas certain qu'on doive attendre si longtemps.

Et même si les humains s'accrochent avec entêtement à leur volant, ils devront sans doute un jour partager la route avec les voitures intelligentes. D'ici 2030, si vous croyez à la loi de Moore, il existera des ordinateurs plus puissants que le cerveau humain. Il en résultera l'apparition d'être super intelligents «post-humains».

Si ces créatures décident de voyager, elles ne seront jamais assez stupides pour embarquer dans un véhicule conduit par un semblable de M. Magoo...