Accrochés à leur téléphone cellulaire, les adolescents américains d'aujourd'hui sont pourtant bien moins mobiles que leurs parents, préférant visiter le web que le monde extérieur.

Accrochés à leur téléphone cellulaire, les adolescents américains d'aujourd'hui sont pourtant bien moins mobiles que leurs parents, préférant visiter le web que le monde extérieur.

Lors d'une conférence au Mobile Internet World à Boston (Massachusetts, nord-est), le Dr Norman Lewis, stratégiste du groupe Wireless Grids et ex-directeur de recherche chez Orange, en est persuadé: cette génération de la «culture de la chambre», centrée sur l'expression de soi, qui craint le monde extérieur et veut «connecter le monde entier à sa chambre», restera ainsi à l'âge adulte.

Et comme aujourd'hui, sur les sites ultra-populaires comme MySpace, elle voudra contrôler et personnaliser tous les outils qui lui seront offerts.

Les entreprises devront donc s'adapter et proposer des produits en conséquence: «Si vous voulez les combattre, vous vivrez des années difficiles, car ce sont vos futurs clients», lance-t-il.

«Si nous pensons que nous pouvons contrôler cet espace, mieux vaut l'oublier», renchérit Greg Clayman, vice-président de la distribution numérique chez MTV.

«Nous avons dit et répété à nos consommateurs qu'ils pourraient avoir ce qu'ils veulent quand ils veulent, et ils y ont cru. Nous ne pouvons pas remettre le génie dans sa bouteille», martèle-t-il. Ce qui compte seront les recommandations des membres de votre réseau, «c'est une culture de recommandation», ajoute-t-il.

«Tout est question de statut et de contrôle», poursuit M. Lewis. «Les jeunes veulent avoir 1000 amis sur MySpace, les adolescentes tiennent un blogue comme avant un journal intime, sans plus distinguer privé et public. L'auto-expression est devenue leur forme de communication», estime-t-il.

Les fabricants d'appareils mobiles, les plus séduisants soient-ils, devront trouver mieux.

«Posséder un appareil ne suffit plus à conférer un statut. Le vrai statut viendra de ce que vous faites avec cet appareil».

Il faudra donc leur proposer des systèmes ouverts, souples, et surtout pas bridés - comme l'ont montré les pirates qui ont vite réussi à débloquer les iPhone d'Apple.

«Cette génération n'acceptera pas les limitations», dit-il. Ils pensent le monde d'abord à travers eux, et rien ne sert selon lui de combattre un phénomène «qui est déjà là».

Partant du même constat, le maire de New York, Michael Bloomberg, a décidé de recourir au téléphone cellulaire pour combattre l'échec scolaire chez les minorités noires et latino-américaines défavorisées, selon le New York Times.

Dans une vingtaine d'établissements publics new-yorkais, les élèves se verront offrir un téléphone portable et ceux qui auront de bons résultats recevront par SMS des récompenses (billets de concerts ou de match, minutes de télécommunication ou sonneries de téléphones...), offertes par des entreprises.

Ce programme, qui doit débuter en janvier avec 10 000 à 15 000 élèves, a été conçu par Roland Fryer, un économiste qui supervise déjà un programme de rétribution financière des bons élèves.

Les responsables du programme ont expliqué que les études avaient montré que le téléphone portable était le principal moyen de communication chez les adolescents, et que les utiliser serait bien plus efficace que des affiches ou des spots TV.

Les professeurs seront encouragés à utiliser les portables pour donner des conseils après les classes, et la mairie espère que des stars comme le rappeur Jay-Z participeront à l'envoi de SMS aux élèves méritants.