Bataille de chiffres, campagnes de promotion, baisse des prix: les partisans des normes rivales Blu-ray et HD-DVD se livrent une âpre bataille à l'approche de Noël pour imposer leur format comme le standard haute définition qui succédera au DVD.

Bataille de chiffres, campagnes de promotion, baisse des prix: les partisans des normes rivales Blu-ray et HD-DVD se livrent une âpre bataille à l'approche de Noël pour imposer leur format comme le standard haute définition qui succédera au DVD.

Le géant japonais Toshiba, qui a conçu la norme HD-DVD, tenait cette semaine une conférence en grande pompe sur le sujet, deux semaines après un événement Blu-ray du même acabit organisé par Sony et ses partenaires.

Chiffres à l'appui, les deux camps ont cherché à démontrer leur domination sur le marché naissant des lecteurs de DVD haute définition, commercialisés depuis début 2006, chacun se réclamant de l'objectivité de l'institut d'études GfK.

Toshiba met en avant le «leadership» de la technologie HD-DVD avec 72% de parts de marché sur les ventes (de janvier à août) des lecteurs de salon haute définition en France, et 69% en Europe.

Mais pour l'association Blu-ray Partners France, créée tout récemment, ce format le Blu-ray aura conquis 90% du marché des lecteurs haute définition à la fin de l'année, soit 600 000 foyers français équipés.

Un chiffre obtenu en incluant les ventes des consoles de jeux PlayStation 3, toutes dotées d'un lecteur Blu-ray, dont le prix vient d'ailleurs d'être réduit.

«Le Blu-ray est un format soutenu quasi-exclusivement par les consoles», dénonce Thierry Chabrol, directeur général de la division électronique grand public de Toshiba France.

Autre terrain d'affrontement, les ventes de disques en haute définition, dominées à 60% par le Blu-ray. Mais, réplique Toshiba, «on vend 5,2 films par lecteur, contre 0,6 pour le Blu-ray», témoin selon le groupe d'«un taux d'attachement très en faveur du HD-DVD».

«Des palabres sans fin», ironise Arnaud Brunet, secrétaire général de Blu-ray Partners France qui préfère rappeler la longue liste des partisans du format de Sony.

Ce dernier a rallié à sa cause des grands noms de l'électronique grand public, comme les japonais Sharp, Matsushita, Pioneer, Mitsubishi Electric, le sud-coréen Samsung ainsi que l'européen Philips, et des grands studios tels Disney et 20th Century Fox.

Le HD-DVD a pour sa part obtenu les faveurs d'Universal et de Paramount, le soutien de Microsoft, Intel et d'un groupe de fabricants, notamment chinois.

D'autres n'ont pas encore pris position, comme Warner Home Video ou les fabricants d'ordinateurs HP et Acer. LG a même lancé un lecteur capable de lire les deux formats.

Difficile dans ses conditions de s'y retrouver pour le consommateur.

Techniquement le Blu-ray dispose d'une plus grande capacité de stockage que l'HD-DVD, mais il est aussi plus cher à produire, et donc proposé à un prix plus élevé.

Un argument mis en avant par Toshiba qui dit vouloir rendre la haute définition «accessible à tous», avec des premiers prix autour de 300 euros.

Alors qui aura le dernier mot? Les spécialistes ne se hasardent pas à faire de pronostics.

«On ne peut parler en aucun cas d'une victoire du HD-DVD», dit M. Chabrol. «La route va être très, très longue», estime-t-il, rappelant que seuls 15% des Français sont aujourd'hui équipés d'un téléviseur haute définition.

Le camp inverse affiche lui son «optimisme».

«On ne voit pas comment le Blu-ray ne pourrait pas remporter tous les suffrages: il est soutenu très largement et connaît un grand succès aux États-Unis», assure M. Brunet. Mais «rien n'est jamais gagné d'avance», s'empresse-t-il d'ajouter.