En visite à Paris, le président de Microsoft ne s'inquiète pas du retard pris sur Google dans le domaine de l'internet.

En visite à Paris, le président de Microsoft ne s'inquiète pas du retard pris sur Google dans le domaine de l'internet.

Les multiples assauts de Google laissent froid Steve Ballmer. Le géant de Mountain View a beau racheter à tour de bras (DoubleClick dans la publicité, YouTube dans la vidéo sur demande) et dominer sans partage le marché de la recherche en ligne (plus de 50% de parts aux USA, 80% en France), le patron de Microsoft estime que rien n'est joué, loin de là.

De passage à Paris, Steve Ballmer a rencontré les députés français et leur a tenu un discours limpide : la force de frappe de Microsoft dans l'innovation lui permettra de rattraper son retard sur son ennemi juré.

«On croit souvent que l'innovation commence dans un garage et ne prend que trois mois. En réalité, il faut beaucoup de temps. Il faut être patient. Beaucoup d'entreprises se sont cassé les dents en abandonnant trop vite une idée. Or, il faut s'accrocher. Le meilleur exemple pour illustrer cela est Windows qui a été lancé en 1983 et n'a connu le succès qu'en 1995», a raconté Ballmer, selon Reuters.

Et d'ajouter perfide : «Google n'a pas inventé le moteur de recherche sur internet, c'est AltaVista. La question est donc de savoir si Microsoft peut apporter de la valeur aux moteurs de recherches actuels, qui restent très limités dans leur fonctionnement. Il faut aujourd'hui taper deux mots clés pour obtenir des réponses pas forcément pertinentes. Il y a donc de la place pour l'innovation».

Concernant la publicité en ligne, Microsoft estime que Google grâce au rachat de DoubleClick est en position dominante. Mais la firme estime que l'acquisition d'aQuantive (pour 6 milliards de dollars !) réduira l'écart.

Surtout, Microsoft veut montrer qu'il raisonne au-delà du Web ou de l'informatique. «Au cours des dix prochaines années, l'innovation technologique modifiera notre façon de regarder la télévision, d'accéder à la littérature et aux arts (...). Dans quelques années, les écrans LCD seront moins chers que le tableau noir et la lecture ne se fera plus sur du papier mais via une interface numérique. Vous pourrez entrer dans une salle et afficher une carte simplement en parlant et agir dessus. Ce n'est pas de la science-fiction mais des projets sur lesquels Microsoft travaille».

Et de souligner les accords de R&D passés par exemple avec l'Inria (Institut national pour la recherche informatique et automatique). «Cinquante chercheurs de l'Inria et de Microsoft travaillent ensemble, publient et déposent des brevets en commun».

Condamnation européenne : appel ou pas ?

Interrogé sur la position de Microsoft face à la confirmation de la condamnation pour abus de position dominante par la Commission européenne, Ballmer est rester laconique.

La firme fera-t-elle appel ? «Nous n'avons rien d'autre à dire», a-t-il dit.

Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft International, a indiqué pour sa part que le groupe avait déjà réglé l'amende de 497,2 millions d'euros et mis en vente une version de Windows Vista sans logiciel de lecture de fichiers audio-vidéo Media Player.

Le groupe américain, qui a également été sommé de donner à ses concurrents les informations nécessaires pour assurer la compatibilité de leurs machines avec les PC sous Windows, ajoutera prochainement de nouveaux éléments sur les 12000 pages de documents techniques déjà communiqués, a-t-il ajouté.

Rappelons que la firme est encore sous la menace d'amendes concernant ce volet.