Packard Bell, troisième fabricant européen d'ordinateurs grand public, convoité par le chinois Lenovo, a été fondé dans les années 1980 par un Américain avant de changer de mains trois fois en moins de 15 ans, au gré de ses difficultés financières face à la concurrence.

Packard Bell, troisième fabricant européen d'ordinateurs grand public, convoité par le chinois Lenovo, a été fondé dans les années 1980 par un Américain avant de changer de mains trois fois en moins de 15 ans, au gré de ses difficultés financières face à la concurrence.

Créée en 1986 par Beny Alagem (qui a racheté la marque Packard Bell à un fabricant de postes de radio fondé en 1926), la société informatique intéresse d'abord le français Bull, qui prend une participation de 19,9% en 1993.

La société fabrique alors les premiers PC grand public prêts à l'emploi car équipés de logiciels, mais souffre d'une mauvaise réputation en raison des nombreuses pannes de ses ordinateurs. Elle installe en France ses équipes dirigeantes et ouvre une usine à Angers, où se concentre l'essentiel de sa production.

Elle adopte un modèle commercial original, en vendant ses ordinateurs uniquement via la grande distribution, et devient vite numéro 4 mondial des ventes de PC, et numéro un aux États-Unis.

En juillet 1998, quand M. Alagem démissionne dans un contexte de lourdes pertes financières, Bull place à la tête de Packard Bell son numéro deux, Alain Couder.

En août 1998, c'est le Japonais Nec, déjà actionnaire à 19,9%, qui prend le contrôle de la société. Très vite il déchante: la société perd des parts de marché face à la concurrence, notamment Acer et HP, agressifs commercialement.

En Europe de l'Ouest, la société approchait les 20% de part de marché en 1995 selon Dataquest; au premier semestre 2007, cette part n'est plus que de 8,5% selon IDC.

Le groupe nippon décide de réagir. «Nous avons délocalisé la production en Europe de l'Est (République tchèque) et en Asie (Chine, Taiwan) pour des raisons de compétitivité», raconte Véronique Cosatti, responsable marketing de Packard Bell France.

En mars 2000, l'activité aux États-Unis est arrêtée et 80% des effectifs sont supprimés. La société est revendue en septembre 2006 à l'homme d'affaires sino-américain Lap Shun Hui.

Ce dernier tente de conquérir de nouveaux marchés comme les disques durs, les GPS, les lecteurs MP3, les écrans plats.

«Cela a été un moyen de résister à la concurrence et à la baisse des prix sur l'informatique, tout en donnant une assise plus large à la marque en multipliant le nombre de consommateurs», explique Mme Cosatti.

Packard Bell commence à se redresser: entre 2006 et 2007, il gagne deux places et devient numéro trois en Europe. En France, il a capté 12,3% des ventes grand public au premier semestre 2007 (contre 11,4% un an plus tôt), se classant à la troisième position. L'an dernier, il avait vendu cinq millions de produits, dont 2,5 millions d'ordinateurs.

Une convalescence au prix de nombreuses restructurations, la dernière en date, en avril, concernant 150 à 180 emplois en France, selon les syndicats.

Aujourd'hui, il emploie 750 personnes, dont 400 en France. Il a réalisé en 2006 un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros et serait proche de l'équilibre, selon Mme Cosatti.

Sa force, qui intéresse le chinois Lenovo, est son implantation en Europe: en Angleterre, France, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Norvège, Suède et Danemark, autant de pays où il se classe dans le top 3 des ventes. Packard Bell a aussi réussi à se positionner en Europe de l'Est et au Chili.

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