La Commission européenne considère qu'Intel, le numéro un mondial des puces informatiques, a abusé de sa position dominante dans le secteur des microprocesseurs, a-t-elle indiqué vendredi.

La Commission européenne considère qu'Intel, le numéro un mondial des puces informatiques, a abusé de sa position dominante dans le secteur des microprocesseurs, a-t-elle indiqué vendredi.

Dans le cadre de son enquête sur les pratiques commerciales du géant américain ouverte au début des années 2000, la Commission a envoyé à Intel jeudi la liste de ses griefs.

Selon ses premières conclusions, «Intel est coupable de trois type d'abus de position dominante», faisant partie «d'une seule et même stratégie anticoncurrentielle» ayant pour but «d'exclure du marché son principal rival AMD» (Advanced Micro Devices), le numéro deux mondial du secteur.

La Commission reproche d'abord à Intel d'avoir fait bénéficier différents fabricants de matériel informatique de ristournes, à condition qu'ils s'équipent essentiellement auprès d'Intel.

Il lui est ensuite reproché d'avoir, à de nombreuses reprises, versé de l'argent à des fabricants de matériel informatique pour les inciter à reporter ou annuler le lancement de gammes de produits incorporant des technologies AMD.

Enfin, Bruxelles lui reproche d'avoir proposé des produits à des prix inférieurs aux coûts dans le cadre d'appels d'offre l'opposant à AMD pour des clients importants sur le marché des serveurs.

La «communication de griefs» est la première étape formelle d'une procédure contentieuse engagée par Bruxelles. Les sociétés incriminées ont deux mois pour répondre aux accusations de la Commission qui peut leur infliger au final des amendes pouvant aller jusqu'à 10% de leur chiffre d'affaires mondial.

À la suite de plusieurs plaintes, Bruxelles avait ouvert il y a plusieurs années une enquête sur Intel sur un éventuel abus de position dominante.

Depuis, les accusations à l'égard du géant américain de la puce électronique n'ont cessé de se multiplier, aux États-Unis, au Japon et en Allemagne.

En tête des protestations, AMD, qui détient quelque 20% du marché des microprocesseurs contre environ 80% pour Intel.

Dans sa plainte devant la justice américaine, AMD a accusé Intel d'user de moyens déloyaux pour contraindre des dizaines de société à des liens d'exclusivité.

En juillet 2005, la Commission avait mené des inspections surprise dans seize villes d'Europe, visant tant les locaux d'Intel que ceux de ses clients.

D'autres avertissements ont déjà été adressés à Intel. En mars 2005, les autorités japonaises de la concurrence avaient elles-mêmes décrété qu'Intel Japan abusait de sa position dominante depuis 2002.

Aux États-Unis, l'État du Delaware a quant à lui lancé une procédure en juin 2005, mais aucune décision ne devrait intervenir avant 2008.