Deux joueurs de poker de haut niveau se mesurent à un ordinateur lundi à Vancouver pour une partie de deux jours, qualifiée de premier championnat de poker opposant l'homme à la machine.

Deux joueurs de poker de haut niveau se mesurent à un ordinateur lundi à Vancouver pour une partie de deux jours, qualifiée de premier championnat de poker opposant l'homme à la machine.

Le programme informatique baptisé Polaris doit disputer quatre parties de «Texas Hold Em», la variante du poker la plus pratiquée dans le monde. Ses adversaires sont Phil Laak et Ali Eslami, deux joueurs de Los Angeles figurant dans le haut du panier du circuit des tournois de poker.

La compétition se déroule lundi et mardi et les humains recevront 5000 dollars pour chaque partie gagnée contre Polaris.

La cagnotte est modeste, reconnaît M. Eslami, mais il dit avoir accepté de participer surtout parce qu'il s'intéresse aux recherches en matière d'intelligence artificielle.

«Cela m'intéresse d'être à la pointe de cette vague. C'est un peu comme assister au lancement de la première navette spatiale», a-t-il déclaré à l'AFP. «C'est le début de la prochaine révolution en informatique, les ordinateurs qui acquièrent des caractéristiques humaines».

L'affrontement entre l'homme et la machine, présenté comme le premier du genre dans le domaine du poker, est l'un des moments forts de la conférence annuelle de «l'Association for the Advancement of Artificial Intelligence», qui se tient à Vancouver, métropole de la côte pacifique canadienne.

Plus d'un millier de scientifiques et de chercheurs participent à cette manifestation, selon les organisateurs.

«C'est un événement divertissant mais aussi scientifiquement important», fait valoir Michael Bowling, responsable de l'équipe qui a mis au point le programme Polaris à l'université d'Alberta, à Edmonton.

«La technologie va au delà du jeu de poker. C'est un test d'évaluation», dit-il.

Des scientifiques ont déjà mis au point des machines capables de battre l'homme aux échecs ou aux dames. Mais si Polaris gagne à ce jeu essentiellement psychologique - avec l'importance des émotions, du bluff et des différents moyens de tromper l'adversaire ainsi que la part de chance - cela constituera une étape importante en matière d'intelligence artificielle, souligne M. Bowling.

Pour lui, l'événement de Vancouver est comparable à la partie disputée en 1997 par le champion d'échecs Garry Kasparov contre l'ordinateur Deep Blue.

MM. Laak et Eslami ne sont pas seulement de très bons joueurs de poker. Ils disposent aussi d'une base solide en matière de technologie. Le premier est ingénieur de formation et le second, diplômé en commerce, a été consultant en informatique avant de devenir un joueur professionnel du poker.

Pour M. Elsami, 30 ans, l'affrontement avec Polaris n'est pas une simple partie de poker. Il vise à faire avancer la recherche en intelligence artificielle avec des applications potentiellement utiles pour l'homme.

«Si les ordinateurs peuvent comprendre les émotions humaines, les applications possibles sont très importantes pour l'Homme», estime-t-il.

Il envisage ainsi à titre d'exemple l'éventualité d'un ordinateur de voiture qui pourrait comprendre les émotions du conducteur et prendre des mesures correctives pour prévenir des situations dangereuses.

Mais on n'en est pas encore là, selon Darse Billings, l'un des concepteurs de Polaris.

«Nous ne pensons pas encore vraiment aux applications. Nous en sommes à la recherche pure», nuance-t-il. Ancien joueur de poker et titulaire d'un doctorat en informatique, c'est lui qui a suggéré d'utiliser le poker pour la recherche en intelligence artificielle.

«C'est un jeu où le défi est d'essayer d'entrer dans la tête» de ses adversaires, dit-il.

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