Le courant des fusions et des acquisitions d'entreprises, qui s'est remis en marche ces derniers mois, menace tout particulièrement les TIC montréalaises.

Le courant des fusions et des acquisitions d'entreprises, qui s'est remis en marche ces derniers mois, menace tout particulièrement les TIC montréalaises.

Car même si elles représentent plus de 10% de l'économie de la métropole, elles sont principalement composées de petites entreprises, qui sont des proies faciles pour les acheteurs internationaux, estime Lyne Bouchard, directrice générale de l'organisme Techno Montréal.

«L'industrie est surtout composée d'entreprises de moins de 50 employés, dit-elle. Cette vague de fusions et d'acquisitions nous touche donc tout particulièrement.»

À Montréal, le secteur des technos se compose de 110 000 travailleurs, répartis dans plus de 2700 entreprises. Autrement dit, en moyenne, chaque entreprise regroupe une quarantaine d'employés.

Cette formule des PME, qui a déjà été la force du modèle québécois, ressemble davantage à une faiblesse dans le contexte actuel.

«C'est tout le Québec.com qui doit revoir son modèle", juge Mme Bouchard. "Il faut absolument sortir de ce modèle de la petite entreprise vendue pour deux ou trois millions de dollars au moment où elle aurait pu devenir une importante multinationale.»

CGI: un modèle

Selon les analystes, la vague de fusions et d'acquisitions d'entreprises canadiennes par des sociétés étrangères ne fait que commencer.

Et comme, dans les technos, l'achat d'un rival ou d'un partenaire est un phénomène plus que courant, il n'est pas surprenant que ce secteur soit plus sensible à ce phénomène que d'autres.

Même CGI, la plus importante entreprise des TIC au Canada avec ses 7000 employés à Montréal, n'est pas à l'abri d'une éventuelle offre d'achat hostile.

De passage devant la Chambre de commerce montréalaise il y a 10 jours, son président. Michael E. Roach, admettait que ça pourrait effectivement se produire. «Mais, a-t-il dit, soyons clairs: nous ne sommes pas à vendre.»

D'ailleurs, le succès d'une OPA (offre publique d'achat) de CGI reste bien mince, compte tenu du fait que l'actionnariat lui est, disons, plutôt loyal: 85% des employés possèdent des actions dans l'entreprise. Ce qui fait dire à la directrice générale de Techno Montréal que la situation de CGI est loin d'être inquiétante.

«La structure financière de CGI rendrait difficile un rachat. L'actionnariat est beaucoup moins dilué que celui d'Alcan, par exemple. Et les employés de CGI ont son logo tatoué sur le coeur...»

Mme Bouchard pense même que CGI devrait être considérée comme un modèle à suivre pour les entrepreneurs québécois du secteur des technos.

«C'est comme en Californie, illustre-t-elle. Là-bas, tout le monde veut devenir le prochain Google. Au Québec, on commence à trouver des modèles, surtout du côté du commerce au détail: Jean Coutu, Rona, Couche-Tard. Dans les technos, il nous reste CGI...»

La meilleure défensive: l'attaque

En fait, les conditions n'ont jamais été aussi propices à la consolidation qu'en ce moment: le capital-risque est de plus en plus organisé et disponible, la croissance est au rendez-vous et les nouvelles idées abondent.

Si bien que certains ont même commencé à parler d'une «Bulle 2.0», craignant un écrasement boursier, comme il y a cinq ans.

À l'époque, l'une des principales victimes a justement été le joyau des TIC de l'heure, Nortel.

Techno Montréal n'est pas de cet avis. Les nouvelles technologies, aujourd'hui, sont plus diversifiées et les investisseurs sont plus matures qu'en 2001. Bref, pour contrer la vague de rachats des entreprises québécoises par des intérêts étrangers, la solution semble tout indiquée: il est temps de passer à l'attaque.