Êtes-vous plus à la course qu'il y a 10 ans? Si vous avez répondu «oui», vous dites probablement vrai. Selon une étude britannique publiée hier, le rythme de vie des citadins a en effet augmenté de 10 % dans le monde depuis 1994.

Êtes-vous plus à la course qu'il y a 10 ans? Si vous avez répondu «oui», vous dites probablement vrai. Selon une étude britannique publiée hier, le rythme de vie des citadins a en effet augmenté de 10 % dans le monde depuis 1994.

Grossière hypothèse? Il semble que non.

Pour arriver à cette conclusion, l'équipe de chercheurs a mesuré la vitesse de marche des piétons dans 32 villes.

Les Singapouriens arrivent en tête: ils parcourent 18 mètres en 10,55 secondes. Ottawa, la seule ville canadienne du palmarès, arrive en 20e position - avec 13,72 secondes -, derrière New York, Londres et... Ljubljana en Slovénie!

Selon le directeur de la recherche, le professeur Richard Wiseman, les nouvelles technologies y sont pour beaucoup. Au lieu de créer du temps libre, elles ont excité notre course contre la montre.

«À cause de la culture des courriels, des messageries textes et des téléphones cellulaires, nous avons le sentiment de devoir être productifs tout le temps», a expliqué hier le professeur de l'Université d'Hertfordshire au quotidien The Times.

«Si ça continue, en 2040, nous arriverons à notre destination avant même notre départ», ironise-t-il.

Pour mesurer le phénomène, les chercheurs ont chronométré 35 personnes à leur insu sur la même distance, à la même heure, dans chaque ville. Les piétons encombrés de sacs ou parlant au téléphone ont été éliminés de la course.

Des mauvaises habitudes

Les résultats ont été comparés à ceux d'une étude semblable réalisée en 1994 par le professeur Robert Levine, de l'Université de Californie. D'où la conclusion que les habitants des zones urbaines ont pressé le pas.

Doit-on en déduire qu'ils sont en meilleure santé qu'avant? Richard Wiseman pense plutôt le contraire. Selon lui, ils développent davantage de problèmes cardiaques.

«En soi, marcher vite est une bonne chose. Toutefois, si c'est seulement pour passer du point A au point B en un temps record, cette façon de vivre entraîne un plus grand stress et de mauvaises habitudes, comme manger à des heures irrégulières et boire davantage», a expliqué le professeur à la BBC.

Patrick Horend, qui travaille à la City, est un Londonien typique. Il grogne contre les touristes peu pressés et fuit les files d'attente comme la peste.

Il est tout de même étonné que Madrid et Berlin, deux villes où il a habité, devancent la capitale britannique.

«Je suis très impatient, dit l'analyste financier de 28 ans. Au supermarché, j'utilise les caisses libre-service parce que ça va plus vite. Au moins, ici, tout le monde se tient sur la droite dans les escaliers roulants. C'est une règle que les Berlinois devraient apprendre!»