Plus de 400 millions de piles ont été jetées dans les dépotoirs canadiens en 2007. Et ce nombre ne cessera d'augmenter au cours des prochaines années, selon une récente étude d'Environnement Canada.

Plus de 400 millions de piles ont été jetées dans les dépotoirs canadiens en 2007. Et ce nombre ne cessera d'augmenter au cours des prochaines années, selon une récente étude d'Environnement Canada.

Les tonnes de substances toxiques dégagées par ces déchets inquiètent au plus haut point le ministère de l'Environnement, qui promet d'agir.

Dans son rapport publié le 5 avril, Environnement Canada démontre que le nombre de piles jetées est en constante augmentation depuis 2001. Cela est principalement dû au fait que de plus en plus d'appareils fonctionnent à piles, notamment les téléphones cellulaires et les ordinateurs portables. «Les piles sont les déchets toxiques le plus fréquemment retrouvés dans les poubelles des Canadiens», confirme Daniel Green, du Sierra Club du Canada.

Une fois enfouies, les piles dégagent des quantités alarmantes de produits toxiques. Chaque année, 766 tonnes de plomb, 386 tonnes de nickel et 235 tonnes de cadmium issues de piles se retrouvent dans les sols. Dans son rapport, Environnement Canada dit que le rejet de ces métaux lourds «s'avère inquiétant pour les récepteurs humains et écologiques».

Le cadmium peut par exemple causer des problèmes rénaux s'il est ingéré ou provoquer le cancer du poumon s'il est inhalé. Le plomb peut causer des troubles neurologiques majeurs aux femmes enceintes et aux enfants.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, le ministre de l'Environnement, John Baird, a déclaré qu'il «envisage l'élaboration de règlements visant à gérer les risques associés aux produits qui contiennent des substances toxiques, y compris les piles». Personne n'était disponible hier pour expliquer plus en détail les mesures étudiées au ministère de l'Environnement.

Mais tout reste à faire. Car présentement, aucune loi n'encadre l'enfouissement de piles au Canada. Les citoyens sont invités à les apporter dans des centres de recyclage comme les écocentres, ou encore à les entreposer jusqu'à la collecte annuelle de déchets toxiques de leur région. Mais rares sont ceux qui le font. Seulement 2 % des piles sont recyclées au pays, selon Environnement Canada.

M. Green croit que pour limiter l'enfouissement de piles, il faudrait forcer les entreprises à récupérer leurs produits en instaurant une consigne. «Les compagnies n'auraient pas le choix de reprendre leur produit. Elles seraient ainsi incitées à produire des piles moins toxiques, pour limiter leurs coûts de récupération», dit-il.

Dans son communiqué, le ministre Baird a promis qu'il «incitera l'industrie à améliorer la récupération et le recyclage des piles». Mais M. Green doute que le Ministère osera s'attaquer aux entreprises. Si rien n'est fait, le nombre de piles jetées chaque année frôlera les 500 millions en 2010, selon les prédictions d'Environnement Canada.