Des vignettes fixes de manga aux vidéos en flux sur téléphones portables, en passant par d'innombrables déclinaisons pour tout support et tout public, l'animation japonaise a une nouvelle fois montré sa dimension industrielle lors du salon «Tokyo Anime Fair».

Des vignettes fixes de manga aux vidéos en flux sur téléphones portables, en passant par d'innombrables déclinaisons pour tout support et tout public, l'animation japonaise a une nouvelle fois montré sa dimension industrielle lors du salon «Tokyo Anime Fair».

Cette manifestation, qui s'est tenue ce week-end pour la sixième année consécutive, a révélé l'étendue des exploitations multi-supports et protéiformes des dessins animés japonais souvent adaptés de mangas populaires.

A mesure que les progrès technologiques le permettent, l'animation se perfectionne, séduisant autant les adultes que les enfants et adolescents, venus visiter le salon en famille ou en bande.

Les graphismes sont de plus en plus détaillés, les enchaînements gagnent en fluidité et les bandes-son originales, interprétées par des groupes de rock ou un orchestre symphonique japonais, n'ont plus rien à envier à celles de longs-métrages de cinéma.

Ce cocktail, préparé avec des outils d'effets vidéo et audio numériques très haut de gamme aux tarifs d'achats et d'exploitation exorbitants, répond aux exigences d'un vaste public de connaisseurs, habitués aux images époustouflantes en haute-définition et son multi-canal des films en salle ou des jeux vidéo.

«Les voix de doublage sont souvent celles de «talentos», starlettes adorées du petit écran», au cachet proportionnel à la renommée, selon Toshio Nakatani, un producteur de la chaîne Nippon Television (NTV, ou NiTele).

«Il faut plus d'un mois pour réaliser un épisode de 30 minutes et la production mobilise environ 300 personnes», assure Morio Asaka, le réalisateur vedette de «Nana», un dessin animé pour adolescents et jeunes adultes qui fait un carton sur Nippon Television (NTV).

Tiré du manga éponyme en plusieurs volumes signé par la dessinatrice Ai Yazawa, «Nana» conte par le menu les exploits et mésaventures de minettes nippones dans le quartier branché de Shibuya à Tokyo.

«»Nana» s'est vendu à 30 millions d'exemplaires au Japon, c'est du jamais vu dans la catégorie des mangas pour jeunes filles», affirme M. Nakatani.

Emblématique du «merchandising» qui accompagne l'animation japonaise, ce dessin animé a suscité une cohorte de produits dérivés en tous genres, des jeux vidéos, une version BD pour téléphone portable, deux films, des CD, sans compter des concerts de groupes de rock qui s'inspirent des personnages de l'histoire.

À l'instar des «Pokemon», de «Détective Conan», de «Naruto», de «Hello Kitty» ou de «Doraemon» pour les petits, «Nana» est ainsi devenu un véritable phénomène de société auprès des jeunes adultes.

Le célèbre robot «Astro Boy», figure indéboulonnable du Tokyo Anime Fair, avait été un précurseur de cette «folie de l'animé» dans les années 1950, passant du statut de héros de BD à celui de vedette de la TV avant de s'incarner dans une palette inégalée d'objets toujours aussi prisés.

«Death Note» ou encore «Solid State Society», des séries qui ciblent davantage les hommes, prennent dans une moindre mesure le même chemin, en attendant «Beater Buzzer», nouveau pari estival de NTV qui exploite aussi le dernier tuyau de diffusion à la mode: les téléphones portables.

«Nous venons de lancer pour la première fois le téléchargement payant et en haute résolution d'animations sur mobiles de troisième génération et demie (3,5G)», se félicite Hiroaki Tanaka, un responsable des déclinaisons en ligne de 4Cast Communications, assurant qu'il s'agit d'un nouveau filon très porteur.

«Le public de l'animé est accro au keitai (mobile)», renchérit M. Nakatani.