En matière de recyclage d'ordinateurs, le Québec devrait s'inspirer de l'Alberta.

En matière de recyclage d'ordinateurs, le Québec devrait s'inspirer de l'Alberta.

FCM Recycling, qui se définit comme la plus importante entreprise de recyclage de matériaux électroniques au Québec, dénonce la lenteur du gouvernement du Québec et cite l'Alberta en exemple.

Depuis 2004, la province de l'Ouest canadien impose une consigne de 12$ sur la vente d'un nouvel ordinateur de bureau, 5$ sur la vente d'un ordinateur portable et 8$ sur la vente d'une imprimante.

Pendant ce temps, le gouvernement du Québec n'en est qu'à l'étape des consultations. «L'Alberta a déjà un programme depuis deux ans tandis que la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse viennent de légiférer sur la question, dit Mitchell Rothstein, PDG de FCM Recycling. Au Québec, ça n'avance pas aussi vite.»

Le ministre de l'Environnement du Québec, Claude Béchard, se défend de négliger la question du recyclage des matériaux électroniques.

«Nous avions beaucoup de travail à faire en matière de recyclage, dit le ministre Béchard. Nous avons mis l'accent sur les redevances pour l'élimination des matières résiduelles avec les municipalités. Nous en sommes rendus à nous pencher sur les questions du suremballage et du recyclage des matériaux électroniques.»

Le ministre Béchard n'est pas séduit d'emblée par le modèle albertain. «Nous voulons étudier toutes les options car nous voulons la meilleure solution possible pour le Québec, dit-il. Par exemple, on démantèle des ordinateurs et on en récupère les pièces dans certaines polyvalentes.»

FCM Recycling, qui vient d'investir 2,4 millions de dollars en équipements à son usine de Lavaltrie, recycle 11 millions de livres de matériaux électroniques par année. «Nous recyclons uniquement sur une base volontaire, dit M. Rothstein. La plupart des entreprises ne veulent pas payer pour faire recycler leurs ordinateurs.»

Les meilleurs clients de FCM Recycling sont les fabricants d'ordinateurs. «Ils ne sont pas opposés au recyclage, dit M. Rothstein. Ils nous retournent leurs ordinateurs non vendus ainsi que les ordinateurs retournés par les clients et ceux qui ont fait l'objet d'un crédit-bail.»

«Les différentes composantes sont déchiquetées et réutilisées, ajoute M. Rothstein. C'est très rare qu'elles soient utilisées de nouveau comme pièces d'ordinateur. La vitre devient souvent du verre et les autres métaux sont vendus séparément. La demande d'acier est notamment très forte en Chine. Environ 5% des matériaux d'un ordinateur ne sont pas recyclables.»

Les fabricants d'ordinateurs ne sont pas en reste. En 2006, Lenovo, qui commercialise aussi les ordinateurs de marque IBM pour les particuliers, a recyclé 15000 tonnes métriques de pièces informatiques dans le monde. Au Canada, la société offre de recycler un ordinateur -n'importe lequel- pour 50$. Elle offre aussi un crédit allant jusqu'à 80$ à ses nouveaux clients qui décident d'adhérer à son plan de recyclage, qui coûte 50$.

Au Canada comme aux États-Unis, Lenovo participe à l'implantation de programmes de recyclage obligatoire comme celui en vigueur en Alberta. «Nous travaillons avec les provinces et les États qui font ce choix déjà très populaire en Europe, dit Mike Pearce, directeur des affaires environnementales de Lenovo. Aux États-Unis, quatre États ont déjà adopté un tel programme: la Californie, le Maine, le Maryland et Washington.»

En plus des ordinateurs, l'Alberta impose une consigne sur la vente des téléviseurs, laquelle varie entre 15 et 45$ selon la taille de l'appareil.

Depuis octobre 2004, l'Alberta a recyclé 86500 ordinateurs, 47000 imprimantes et 43500 téléviseurs.

Outre l'Alberta, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan ont adopté des programmes de recyclage obligatoire des ordinateurs. Selon le ministre Béchard, le gouvernement Charest annoncera une nouvelle politique de recyclage des matériaux électroniques au cours de son prochain mandat, s'il est réélu.