Devenu le premier secteur pour l'emploi des cadres, l'informatique a pourtant du mal à séduire et redouble d'efforts auprès des jeunes pour redorer son image et élargir son recrutement.

Devenu le premier secteur pour l'emploi des cadres, l'informatique a pourtant du mal à séduire et redouble d'efforts auprès des jeunes pour redorer son image et élargir son recrutement.

Les entreprises du syndicat patronal Syntec informatique, qui comptent près de 80% des effectifs des logiciels, services et conseil en informatique (évalués au total à 300 000), ont recruté 40 000 personnes en 2005 et 2006, pour un rythme de 10 000 créations nettes par an.

L'Apec, l'association pour l'emploi des cadres, avance le chiffre de 58 800 offres en 2006 dans l'informatique - soit 33% des offres cadres -, devenu le premier secteur accessible aux jeunes diplômés.

Face à ces importants besoins en main d'oeuvre très qualifiée (la moitié des nouveaux embauchés ont un niveau bac+5), les directeurs en ressources humaines peinent à recruter certaines compétences, dans un secteur au taux de chômage très faible (2,7%). Un phénomène accentué par le «papy-boom».

Une campagne de promotion, lancée le 15 mars par le Syntec, vise à sensibiliser les jeunes aux métiers de l'informatique. Construite autour d'un jeu de simulation sur internet, «changeursdemonde.com» propose aux 15 à 24 ans de plonger dans l'univers d'un jeune professionnel de l'informatique. Les plus talentueux décrocheront un stage ou des rencontres avec des professionnels.

Il s'agit avant tout de briser les idées reçues associées à la profession d'informaticien: austérité et technicité, mais aussi précarité et manque de convivialité. Et de susciter des vocations dans un contexte de désaffection envers les sciences.

Mais plus que de pénurie, les employeurs souffrent de voir les ingénieurs happés par d'autres secteurs ou par leurs propres clients. «Des grands acteurs du monde de la finance ou les grands industriels sont devenus nos principaux concurrents en matière de recrutement», souligne Bruno Dumas, directeur du recrutement national du géant français des services informatiques Capgemini.

Pour les retenir, ajoute-t-il, «des petites sociétés de notre secteur sont prêtes à faire un peu plus de sacrifices qu'avant» en matière de salaires.

Un effort qui ne suffit pas toujours, d'où un taux de mobilité en progression. «Avant les ingénieurs restaient quatre à cinq ans dans les mêmes entreprises, maintenant il n'est pas rare d'en voir changer tous les deux ans», confirme Simon Azoulay, président de la société de conseils Alten.

Yves Buisson, DRH d'Unilog (groupe LogicaCMG) souligne le «gros travail» en interne pour «fidéliser» les collaborateurs, en citant le coaching et les salaires.

Les SSII diversifient aussi leur recrutement au delà des grandes écoles et courtisent désormais l'université. Unilog, qui prévoit d'embaucher 1800 salariés cette année, a ainsi établi des partenariats avec 17 universités françaises, où le groupe veut augmenter de 20% ses recrutements, encore limités.

Les diplômés étrangers sont également recherchés sur des compétences pointues, mais ils demeurent peu nombreux compte tenu des difficultés d'obtention d'un permis de travail, souligne le Syntec qui plaide pour une procédure simplifiée comme la création d'un «visa expert en technologies de l'information».