Économiser de l'argent, colmater la fracture numérique et promouvoir les activités culturelles locales. Trois dossiers apparemment sans rapport. Jusqu'à ce qu'on aborde la question d'Internet sans fil gratuit partout à Montréal. Car la métropole, qui s'autoproclame capitale de la nouvelle économie, pourrait profiter immédiatement de cette tendance contagieuse à travers les grandes villes de la planète.

Économiser de l'argent, colmater la fracture numérique et promouvoir les activités culturelles locales. Trois dossiers apparemment sans rapport. Jusqu'à ce qu'on aborde la question d'Internet sans fil gratuit partout à Montréal. Car la métropole, qui s'autoproclame capitale de la nouvelle économie, pourrait profiter immédiatement de cette tendance contagieuse à travers les grandes villes de la planète.

Le mois dernier, Los Angeles et Paris se sont ajoutées à la liste des métropoles, comme San Francisco et Toronto, qui voient dans cet ambitieux projet une avenue économique, sociale et culturelle prometteuse. C'est aussi l'opinion de certains observateurs montréalais qui surveillent ce phénomène.

«C'est un atout pour une ville qui veut attirer des congrès importants. C'est souvent une priorité des gens d'affaires qui se déplacent à l'étranger: ils demandent s'ils auront un accès facile à Internet à leur hôtel, sur le site du congrès, etc.», affirme Philippe Le Roux, associé chez VDL2 Communications. «C'est aussi une forme de solution à la fracture numérique.»

Combattre la fracture

La fracture numérique est une expression utilisée pour désigner les gens qui n'ont pas un accès régulier à Internet. Au Québec, ils représentent 28 % de la population, selon une étude réalisée la semaine dernière par le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO). Aux yeux de M. Le Roux, c'est beaucoup, et leur fournir un accès sans fil gratuit pourrait régler une partie du problème. «En tout cas, ça leur éviterait d'avoir à débourser les 30 à 40 dollars par mois qu'ils n'ont pas pour y avoir accès», dit-il.

En poussant le raisonnement un peu plus loin, on imagine que le coût d'implantation d'un réseau sans fil couvrant, par exemple, tout le centre-ville de Montréal, doit être assez important, mais qu'il l'est sans doute moins que le montant total payé par l'ensemble des foyers montréalais pour avoir leur accès personnel à Internet.

«Le sans-fil est une technologie simple à implanter et l'île de Montréal ne présente pas de complication particulière pour un tel réseau», estime M. Le Roux. «On peut imaginer que dans quelques années, une combinaison des technologies WiFi et WiMax permettrait aux ménages montréalais d'avoir accès à Internet sans avoir à payer très cher.»

Un outil culturel

Depuis trois ans, l'organisme montréalais Île sans fil (ISF) offre un accès sans fil gratuit à Internet dans de nombreux cafés et commerces de Montréal et des environs. Ses membres sont des bénévoles qui font le pari que le grand réseau n'est pas juste un outil d'ouverture sur le monde, mais aussi un formidable outil de promotion de la culture et des commerces locaux.

«Le principal intérêt de notre réseau est qu'il amène les gens dans des lieux publics», explique Alexis Cornellier, vice-président d'ISF. «Par exemple, le contenu de notre page d'accueil tente d'informer les gens sur ce qui se passe près du point d'accès où ils sont connectés.»

En fait, Île sans fil aimerait reproduire un service de géolocalisation qui, comme le fait Google à une échelle plus large, fournit de l'information sur les événements qui ont lieu tout près d'où se trouvent les internautes.

Philippe Le Roux pense que cette idée pourrait être reprise par la Ville de Montréal, si elle offrait un accès à Internet sur son territoire. «Simplement en faisant du portail de la ville de Montréal la page d'accès obligatoire pour naviguer sur le Web, elle viendrait de justifier une bonne partie des coûts de son service», croit-il.

En ce moment, le cofondateur de VDL2 estime que Montréal ne fait pas honneur à sa réputation de métropole de la nouvelle économie. Un porte-parole de l'administration municipale a déjà affirmé que le projet est évalué sur un horizon à plus long terme, vers 2025. «Pour une ville qui se positionne comme à l'avant-garde des nouvelles technologies, c'est plutôt un recul», conclut M. Le Roux.