On savait qu'un nuage flottait sur le fabricant du BlackBerry Research in Motion. Il a finalement pris forme, lundi, entraînant une révision des résultats de 250 millions US et un jeu de chaises musicales au sein de l'équipe de direction. Et personne n'a semblé s'énerver outre mesure de la nouvelle.

On savait qu'un nuage flottait sur le fabricant du BlackBerry Research in Motion. Il a finalement pris forme, lundi, entraînant une révision des résultats de 250 millions US et un jeu de chaises musicales au sein de l'équipe de direction. Et personne n'a semblé s'énerver outre mesure de la nouvelle.

Le titre de Research in Motion a évité la débandade, l'action ne perdant que 0,89 % ou 1,43 $ pour clôturer à 158,62 $.

Les analystes se sont montrés quant à eux globalement satisfaits des explications fournies par l'entreprise, dont l'image était entachée par une série d'erreurs comptables concernant le programme d'options d'achat d'actions de ses employés.

Jim Balsillie, l'architecte du succès de Research in Motion et de son populaire BlackBerry, a encaissé le blâme. «Je ne cherche pas d'excuses. Cela s'est passé sous ma gouverne, je suis responsable», a-t-il déclaré.

M. Balsillie a démissionné de son poste de président du conseil d'administration, mais demeurera cochef de la direction de l'entreprise établie à Waterloo, en Ontario.

On savait depuis longtemps que quelque chose ne tournait pas rond avec le programme d'options destiné aux employés de RIM. Après sept mois d'enquête interne, l'entreprise a admis lundi qu'elle n'enregistrait pas correctement la date à laquelle ces options étaient exercées.

Le truc était de gonfler les gains, par exemple en faisant coïncider la date d'achat des actions avec des jours où le prix de l'action était bas.

L'entreprise a avoué lundi que la totalité des options exercées avant le 27 février 2002 ont été enregistrées de façon incorrecte, ainsi que 63 % de celles exercées entre le 28 février 2002 et le mois d'août 2006.

Plusieurs employés, dont des membres de la haute direction incluant Jim Balsillie et l'ancien chef de la direction financière, Dennis Kavelman, ont profité de cette façon de faire. L'enquête conclut toutefois qu'il n'y a pas eu de «malversation délibérée».

«Bon nombre d'individus interviewés par le comité spécial (chargé de l'enquête) qui ont été impliqués dans l'exercice d'options au sein de l'entreprise, incluant M. Balsillie et M. Kavelman, ont expliqué qu'à l'époque, leur compréhension générale était qu'ils pouvaient exercer leurs options à la date de leur choix à l'intérieur de la période (...) définie par les agences réglementaires canadiennes concernées, peut-on lire dans un communiqué diffusé lundi par l'entreprise. Leur compréhension était incorrecte.»

«Nous avons fait de l'antidatage (backdating), a admis lundi M. Balsillie. Est-ce qu'on l'a fait en toute connaissance de cause dans le but de se remplir les poches? Non.»

Research in Motion est loin d'être la seule entreprise à avoir procédé ainsi: quelque 140 entreprises font l'objet d'une enquête à ce sujet de la part du gouvernement américain, et leur nombre grimpe à plus de 200 si on considère les enquêtes internes.

La U.S. Securities and Exchange Commission et la Ontario Securities Commission poursuivent d'ailleurs leur propre enquête concernant RIM.

Révision et chaises musicales

Les impacts de cette pratique se sont reflétées sur la comptabilité de l'entreprise, si bien que RIM a annoncé lundi une révision de ces états financiers de 2004, 2005, 2006 ainsi que de ceux du premier trimestre de 2007.

En septembre, l'entreprise avait anticipé une révision entre 25 et 45 millions US. Les chiffres d'hier font plutôt état de 250 millions US.

M. Balsillie et son directeur exécutif, Michael Lazaridis, ont proposé de verser chacun 5 millions de dollars canadiens pour payer une partie de cette révision: offre acceptée par l'entreprise. Quant aux analystes, ils n'ont pas semblé effrayés par les chiffres.

«Une révision d'une ampleur plus faible que prévue, des correctifs appropriés mis en place», titre l'analyste Peter Misek, de Canaccord Adams, qui voit de belles perspectives pour le titre de RIM et fait une recommandation d'achat avec un prix cible de 180 dollars US.

«Il semble que la majorité des erreurs (220 millions US) se sont produites avant l'année fiscale 2004, ce que nous jugeons positif pour les opérations actuelles fondamentales de la firme», note l'analyste.

«L'impact financier global semble assez mineur, a aussi confié à l'agence Bloomberg Tavis McCourt, analyste chez Morgan Keegan & Co à Nashville, au Tennessee, qui s'inquiète davantage de l'impact des changements à la haute direction.

En plus de Jim Balsillie qui démissionne de son poste de président du conseil, Dennis Kavelman passe de chef de la direction financière à directeur des opérations. John Richardson est nommé président du conseil d'administration, qui est élargi de sept à neuf membres.

Les nouveaux membres sont Barbara Stymiest, anciennement chef de la direction du Groupe TSX et maintenant chef de l'exploitation à la Banque Royale du Canada, ainsi que John Wetmore, ancien président d'IBM Canada maintenant administrateur de l'Université de Waterloo et de Loblaw.