Quand des universitaires qui ont des formations en génie informatique, en génie mécanique et en génie électrique s'allient, ils créent des robots qui nagent et rêvent de faire «sentir» les écrans aux aveugles.

Quand des universitaires qui ont des formations en génie informatique, en génie mécanique et en génie électrique s'allient, ils créent des robots qui nagent et rêvent de faire «sentir» les écrans aux aveugles.

Au Centre de recherche sur les machines intelligentes (CMI) de l'Université McGill, «Aqua» n'est pas une couleur de peinture en vogue. C'est plutôt une machine à six pattes, un robot amphibie qui peut affronter les terrains les plus boueux et descendre jusqu'à 30 mètres dans les profondeurs marines.

Développé de concert avec les universités York et Dalhousie, le robot est unique en son genre, dit Chris Prahacs, chercheur au CMI et responsable du projet.

«C'est le seul robot amphibie au monde. De plus, il n'a pas d'hélices mais plutôt des pales, comme les nageoires des poissons», explique-t-il.

Les «pattes» du robot lui permettent de nager efficacement. Il est de plus équipé de deux caméras grâce auxquelles il peut retransmettre des images en trois dimensions.

Pour tester les habiletés du robot, l'équipe de Chris Prahacs s'est rendue à la Barbade en janvier, où Aqua s'est promené le long des récifs de corail.

«Aqua fait moins peur aux poissons que les plongeurs et n'a pas de turbine qui fait bouger l'eau», ajoute Chris Prahacs. Il précise que le robot, alimenté par des piles, a une autonomie de quatre à cinq heures et qu'il peut se déplacer à une vitesse d'un mètre par seconde.

Le robot, qui est le quatrième de sa lignée, pourrait être commercialisé d'ici quelques années. Le directeur du CMI dit être en discussions avec des entreprises américaines, mais affirme que ces discussions ne sont pas assez avancées pour pouvoir nommer qui que ce soit.

«Ce robot pourrait se vendre autour de 60 000 dollars, dit Gregory Dudek. Actuellement, des robots avec des performances semblables se vendent 200 000 dollars sur le marché.»

Sentir l'écran

À quelques pas de là, dans un local adjacent, d'autres étudiants de l'Université McGill délaissent les profondeurs de l'eau pour celles du cerveau. Ils allient psychologie, informatique et mécanique pour favoriser l'interaction des aveugles avec les ordinateurs.

Ils poursuivent des travaux sur un appareil appelé «Stress²», pour «Stimulator of Tactile Receptors by Skin Stretch». En bref, ce périphérique étire la peau du doigt pour simuler des textures.

En faisant déplacer latéralement des petites languettes de métal sous le doigt, l'appareil donne l'illusion au cerveau qu'il passe ici sur une texture ondulée, là sur une texture pointillée, ici sur une surface qui vibre.

«On ne sait pas exactement pourquoi ça fonctionne, mais ça marche, dit Vincent Lévesque, étudiant au doctorat au CMI.

Les chercheurs souhaitent que cet appareil permette, à terme, de faire sentir des textures sur un écran à des non-voyants. Ceux-ci pourraient ainsi avoir accès à des cartes textiles et lire du braille à l'écran.

Si Vincent Lévesque souhaite que l'appareil soit un jour commercialisé, il reconnaît qu'il faudra encore beaucoup de recherche et d'investissements à faire.

«Ça a du potentiel, c'est certain», dit le chercheur.

Aussi:

Le site Web du projet Aqua

Le site Web du projet Stress²