Michael Dell, le fondateur du fabricant d'ordinateur éponyme, a repris mercredi les commandes du groupe après avoir quitté le poste de PDG en 2004 et succède ainsi à Kevin Rollins, qui a présenté sa démission sur fond d'enquêtes comptables par la justice américaine.

Michael Dell, le fondateur du fabricant d'ordinateur éponyme, a repris mercredi les commandes du groupe après avoir quitté le poste de PDG en 2004 et succède ainsi à Kevin Rollins, qui a présenté sa démission sur fond d'enquêtes comptables par la justice américaine.

À la surprise générale, Dell a annoncé mercredi après la clôture de la Bourse le départ avec effet immédiat de M. Rollins et son remplacement tout aussi immédiat par Michael Dell, qui n'assumait plus que la fonction de président du Conseil d'administration depuis 2004.

Michael Dell, qui aura 42 ans en février, conservera ses responsabilités à la tête du Conseil d'administration, a précisé Dell dans un communiqué.

Le marché saluait mercredi la nomination de celui qui a été sacré en 1992 le plus jeune PDG de l'histoire du monde des affaires par le magazine Fortune, et jouit depuis d'une solide réputation parmi ses pairs. L'action Dell prenait 4,09% à 25,21 dollars lors des échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York.

Ironie du sort, le retour de Michael Dell au poste de numéro un de Dell survient alors qu'en 2004 le groupe avait séparé formellement les fonctions de PDG et de président du Conseil pour se plier à une exigence de réforme de la gouvernance d'entreprise, alors très forte dans le monde des affaires.

Une séparation de ces deux responsabilités était à l'époque en vogue, ses partisans faisant valoir qu'elle permettait de mieux répartir le pouvoir au sein de l'entreprise.

Michael Dell avait alors cédé le poste de PDG au numéro deux de l'époque, Kevin Rollins.

Le groupe n'a pas justifié le départ de M. Rollins, mais le grand retour de Michael Dell ressemble fort à un nettoyage de la direction à la faveur d'un noyau dur de fidèles pour restaurer l'image du groupe, passée de l'entreprise la plus admirée au monde par Fortune en 2005 à celle d'entreprise en perdition.

Cette annonce intervient en effet alors qu'il y a un mois tout juste, le directeur financier et vice-président de Dell, James Schneider, prenait la porte, alors que le groupe était sous le coup de deux enquêtes, l'une du régulateur boursier SEC, l'autre de la justice de l'Etat de New York.

M. Schneider a été remplacé fin décembre au pied levé par Donald Carty, ancien président d'American Airlines et d'AMR Corp qui était depuis 1992 membre du Conseil d'administration de Dell.

Les deux enquêtes portent sur de possibles irrégularités comptables depuis 2002 et ont conduit Dell à reporter trois fois la publication de ses résultats trimestriels depuis septembre.

En raison de ces retards, la Bourse électronique Nasdaq a même averti Dell qu'il ne remplissait plus les conditions requises pour rester coté.

Dell n'a fait aucune référence mercredi à ces enquêtes et seulement indiqué qu'«à l'heure actuelle, il n'y a pas de personne mieux placée pour diriger Dell que celui qui a créé le modèle de vente directe et a bâti cette compagnie au cours des 23 dernières années».

La création de Dell fait partie des récits flamboyants de la high-tech américaine. Le groupe aime rappeler que Michael Dell a fondé son groupe en 1984 avec 1000 dollars en poche et a fait en quelques années de Dell le premier fabricant mondial d'ordinateurs, grâce à un concept commercial inédit: la vente directe sans réseau de magasins, qui permet d'abaisser les tarifs de détail.

Le groupe a toutefois averti mercredi que son bénéfice net et son chiffre d'affaires du quatrième trimestre seraient «inférieurs aux estimations moyennes des analystes». Le marché table actuellement sur respectivement 32 cents par action et 15,30 milliards de dollars.

«La vision et le leadership de Michael (Dell) sont fondamentaux aujourd'hui pour que Dell puisse mener l'industrie informatique à long terme», a martelé Dell, alors que le groupe a perdu ces derniers mois sa place de numéro un mondial des ordinateurs au profit d'un autre américain, Hewlett-Packard (HP).