L'industrie québécoise des technologies de l'information et des communications (TIC) subira de fortes turbulences à partir de 2010, alors que prendront fin plusieurs généreux crédits d'impôt.

L'industrie québécoise des technologies de l'information et des communications (TIC) subira de fortes turbulences à partir de 2010, alors que prendront fin plusieurs généreux crédits d'impôt.

Selon une étude publiée hier par l'organisme TECHNOCompétences, bon nombre d'entreprises des TIC ne sont pas préparées à entrer dans l'ère de «l'après crédits».

En fait, 45% des PME de ce secteur deviendraient déficitaires si les aides gouvernementales devaient cesser aujourd'hui, révèle l'enquête.

Le secteur doit se préparer, et vite, à vivre sans le soutien de l'État, lance Sylvie Gagnon, présidente de TECHNOCompétences, un organisme financé par Emploi Québec.

«Les entreprises sont conscientes, mais le problème, c'est qu'elles pensent que ce n'est pas demain. Elles disent: c'est juste en 2010. Nous, on leur dit que c'est tout de suite qu'elles doivent prendre les mesures pour 2010.»

En tout, cinq crédits d'impôt seront abolis entre 2010 et 2013. Ces aides fiscales, versées entres autres aux entreprises de la Cité du multimédia et de la Cité du Commerce électronique, permettent de rembourser une partie du salaire des employés spécialisés. Elles ont coûté 178 millions de dollars à l'État québécois en 2005.

L'impact de ces crédits d'impôt est majeur sur les résultats financiers des boîtes de TIC, principalement des PME. En moyenne, les 314 sociétés retenues pour l'étude engrangent un bénéfice net de 143 000 $ par année lequel chuterait à un maigre 32 000 $ sans les aides fiscales.

Pour éviter un trop grand choc en 2010, les entreprises doivent dès maintenant prendre des mesures pour améliorer leur productivité, suggère Sylvie Gagnon.

Certaines firmes ont commencé à se préparer à l'ère de «l'après crédits». C'est le cas d'Equisoft, une société de la Cité du multimédia qui profitera jusqu'en 2013 du support de l'État.

«On va profiter des années qui nous restent pour faire tout ce qu'on peut comme stratégie d'investissement, pour nous amener à survivre sans les crédits d'impôt et à faire face aux défis qui nous guettent», a expliqué le président Luis Romero.

Equisoft, qui compte 50 employés, a déménagé ses activités dans la Cité du multimédia en 2003 expressément pour profiter des crédits du gouvernement. La stratégie a fonctionné, permettant à l'entreprise de tripler de taille en peu de temps. Le rythme sera plus lent après 2013, prévoit M. Romero.

«La croissance ne sera pas aussi rapide, c'est évident, parce que c'est un crédit remboursable, c'est du profit net, ça nous permet de faire des investissements», a-t-il souligné.

Certaines firmes quitteront carrément la Cité du multimédia quand le crédit d'impôt sera épuisé, notamment à cause des loyers élevés. «C'est un bon programme, mais la journée qu'il arrête, c'est sûr qu'on s'en va», a lancé Danny Boulanger, fondateur d'InterDoc et ex-président de l'Association des gens d'affaires de la Cité.

Pas trop de pertes d'emplois

L'industrie des TIC entrera dans une vaste période de re-structuration à partir de 2010, prévoit Sylvie Gagnon. «On s'imagine qu'il y aura des mouvements d'acquisitions, de fusions, des fermetures.»

Quelque 13 000 emplois sont aujourd'hui soutenus par les cinq crédits d'impôt qui seront abolis, souligne l'étude.

La fin de ces mesures fera mal, mais ceux qui perdront leur boulot ne devraient pas avoir de mal à se replacer, croit la présidente de TECHNOCompétences. «On est en situation de plein emploi dans notre secteur.»

La fin des mesures fiscales a été décrétée en 2003 par l'ancien ministre des Finances Yves Séguin.