La vidéo complète de l'exécution de Saddam Hussein, pendu samedi à Bagdad, était déjà disponible dimanche sur Internet, révélant que des témoins de l'exécution de l'ex-président irakien scandaient le nom de son pire ennemi chiite quelques instants avant sa mort.

La vidéo complète de l'exécution de Saddam Hussein, pendu samedi à Bagdad, était déjà disponible dimanche sur Internet, révélant que des témoins de l'exécution de l'ex-président irakien scandaient le nom de son pire ennemi chiite quelques instants avant sa mort.

D'une durée de 2 minutes 38, cette vidéo de qualité médiocre, tant au niveau de l'image que du son, a été vraisemblablement tournée avec un téléphone portable par un témoin assistant à l'exécution.

Condamné à mort le 5 novembre, l'ex-dictateur a été pendu samedi à l'aube dans une salle d'une caserne des renseignements militaires de Khadamiyah (quartier nord et majoritairement chiite) à Bagdad.

Les images montrent d'abord l'escalier qui mène à la potence, installation de métal rouge à plusieurs mètres au-dessus du sol. La salle est visiblement exiguë, trop petite pour le grand nombre de spectateurs.

Entouré de bourreaux en civils et encagoulés, Saddam avance sur la trappe, une épaisse corde au cou.

Quelques flashs d'appareils photos. L'un des bourreaux ajuste la corde, serre un peu plus l'énorme noeud sur le côté.

Saddam Hussein ne montre quasiment aucune émotion, et semble incroyablement calme. L'assemblée et l'ancien président entament ensemble la récitation d'une ultime prière.

«Moqtada, Moqtada, Moqtada!», lancent quelques personnes. «Va en enfer», scande un autre témoin.

Moqtada Sadr est un leader chiite radical, dont l'oncle Mohammed Baqer Sadr et le père Mohammed Sadeq Sadr ont été respectivement assassinés en 1980 et 1999 par le régime de Saddam Hussein. La milice qu'il dirige, l'armée du Mahdi, est accusée de nombreuses exactions contre la communauté sunnite, au pouvoir sous Saddam.

Après quelques invocations typiquement chiites dans l'assistance, un homme crie «vive Mohammed Baqer».

Saddam jette un regard surpris, presque courroucé en direction de ceux qui ont lancé ces slogans. «Va en enfer», semble-t-il rétorquer, dans un mélange de sarcasme et d'incrédulité.

Le condamné récite la chahada, la profession de foi musulmane. Les flashs des appareils photos reprennent de plus belle. Dans un vacarme de métal, la trappe s'ouvre avant qu'il n'achève son ultime prière.

Saddam tombe brutalement dans le vide. Quelques secondes de confusion: les images tentent de se fixer sur le cadavre qui se balance encore. Gros plan sur la tête du supplicié, pendu au bout de la corde, le cou brisé. Saddam Hussein est mort, mais a encore les yeux ouverts.

Cris dans l'assistance. Un témoin invoque «Dieu le miséricordieux», et prie à son tour. «Le tyran est tombé, malheur à lui», lance un autre.

«Laissez-le pendre au bout de sa corde», ordonne un troisième homme: «Qu'il reste pendu pendant huit minutes. Que personne ne le descende».

L'assemblée semble se presser autour du cadavre. «Reculez, reculez», entend-on.

L'ancien président irakien avait été condamné à mort le 5 novembre par le Haut tribunal pénal irakien pour avoir ordonné l'exécution de 148 villageois chiites à Doujail (au nord de Bagdad), en représailles à un attentat contre le convoi présidentiel. Son appel avait été rejeté le 26 décembre.

Samedi, quelques heures après l'exécution de la sentence, la télévision publique Iraqia avait diffusé une séquence d'une vingtaine de seconde montrant les derniers instants de Saddam, avant la pendaison elle-même.

Ces images, tournées par le service de communication du Premier ministre Nouri al-Maliki, avaient été diffusées sans bande sonore.

De brèves images du corps de Saddam, à demi-enveloppé dans un linceul blanc et le cou désarticulé, avaient été également diffusées sur une télévision privée chiite irakienne.

Aussi:

- Vidéo de Saddam sur le Web: une arrestation

- Qui a filmé et diffusé la fin de Saddam?