Partout dans le monde, le logiciel libre, ce type de logiciel qu'on peut partager ou modifier gratuitement, a le vent dans les voiles.

Partout dans le monde, le logiciel libre, ce type de logiciel qu'on peut partager ou modifier gratuitement, a le vent dans les voiles.

Une étude du groupe Forrester publiée en septembre dernier révélait que 40% des entreprises européennes et 35% des entreprises américaines utilisent un ou plusieurs logiciels libres. Au Canada, la tendance va dans le même sens, même si on sent un retard par rapport au reste du monde. «Ce ne sont pas les autres pays qui sont en avance; c'est nous qui sommes en retard», résume Cyrille Béraud, président de Savoir-Faire Linux, entreprise montréalaise qui développe des solutions «open source», comme le logiciel de téléphonie par Internet SFLPhone, téléchargeable gratuitement.

Selon M. Béraud, c'est un retard important qui risque de coûter cher au Canada et au Québec. «Dans une économie du savoir, les logiciels libres sont les seuls qui permettent de faire évoluer le système d'information d'une entreprise assez rapidement pour suivre l'évolution du marché», dit-il.

Le logiciel libre est comme une grosse boîte de pièces mécaniques offertes gratuitement. Un logiciel libre est l'assemblage de certaines de ces pièces pour en faire un outil qui convient à la mission d'une entreprise. Entre deux entreprises qui offrent le même produit, celle qui peut s'adapter plus rapidement aux besoins de sa clientèle a un avantage concurrentiel sur sa rivale. «C'est l'avantage du logiciel libre, estime M. Béraud. On change seulement les composantes qui doivent l'être.»

200 entreprises au Québec

Le FACIL, un organisme pour l'appropriation collective de l'informatique libre (le F est récursif, c'est de l'humour d'informaticien), est derrière la Semaine québécoise de l'informatique libre, qui a eu lieu la semaine dernière.

C'est aussi un regroupement où se rencontrent les développeurs de logiciels libres d'ici.

«La Semaine a été plus tranquille cette année, mais notre bottin de développeurs contient tout de même plus de 200 noms d'entreprises», constate Robin Millette, président sortant du FACIL. Et comme le souligne M. Millette, ces entreprises font dans la diversité.

«Savoir-Faire Linux est un bon exemple, tout comme l'organisme Ile-sans-fil, qui offre un accès sans fil Wi-Fi gratuit partout où il le peut à Montréal, Koumbit, qui développe des outils pour gérer des sites Web, et TC2L, une firme de consultants en informatique», dit-il.

La plupart du temps, les développeurs de logiciels libres vont offrir leurs solutions à peu de frais, pour profiter des revenus générés par le soutien technique et le service à la clientèle.

«Sous cette forme-là, le logiciel libre est intéressant parce que c'est la véritable façon dont l'industrie du logiciel a toujours fonctionné», croit Antoine Beaupré, qui dirige Koumbit, organisation à but non lucratif qui fait du développement de sites Web strictement à partir d'outils «libres».

D'ailleurs, Koumbit utilise quelques logiciels libres qui démontrent l'étendue de ce mouvement: Drupal, un gestionnaire de contenu de sites Web, et Decisions, un module d'aide à la prise de décision en ligne, qui pourrait être vue comme une version «open source» et plus fiable du système de vote électronique qui a connu des ratés à Montréal, l'année dernière.

«C'est un autre avantage des logiciels libres, rappelle M. Beaupré. Ils sont transparents, tandis que les logiciels propriétaires sont comme une boîte noire: on voit ce qui entre et ce qui en sort, mais on ne sait pas comment ça marche.»

Dans une Ă©conomie oĂą l'information est la principale marchandise, nul doute qu'une entreprise ne veut pas la perdre de vue. C'est du moins ce que permet l'informatique libre, en donnant aux entreprises le plein contrĂ´le de cette information.