Demain, les consommateurs américains pourront enfin se procurer le baladeur numérique de Microsoft - le Zune - au prix de 249,99US$. L'appareil, offert en noir, blanc ou brun, dispose d'un disque dur de 30 Go, d'un écran de 3 po et d'un récepteur radio. Il est accompagné d'une dizaine de chansons et de vidéoclips. Toutefois, c'est la fonction WiFi du Zune qui retient le plus l'attention... et suscite la controverse.

Demain, les consommateurs américains pourront enfin se procurer le baladeur numérique de Microsoft - le Zune - au prix de 249,99US$. L'appareil, offert en noir, blanc ou brun, dispose d'un disque dur de 30 Go, d'un écran de 3 po et d'un récepteur radio. Il est accompagné d'une dizaine de chansons et de vidéoclips. Toutefois, c'est la fonction WiFi du Zune qui retient le plus l'attention... et suscite la controverse.

Grâce à la technologie sans fil WiFi, le Zune pourra reconnaître d'autres appareils environnants et s'y connecter. Deux utilisateurs pourront alors échanger des fichiers musicaux, mais pas les fichiers vidéo - allez comprendre pourquoi. Ainsi résumé, le concept semble brillant et incite d'ailleurs Microsoft à axer sa campagne publicitaire sur les possibilités de «réseautage» du Zune - «Welcome to the Social», clame-t-on sur deux pages dans la dernière livraison du magazine Rolling Stone.

Dans le détail, ça se complique. Le partage Zune-à-Zune de fichiers musicaux se fera à des conditions dont on n'a certainement pas fini d'entendre parler. Sur la Toile et dans les médias, on a baptisé ces conditions la «règle du 3 X 3»: une fois le fichier reçu dans son appareil, l'utilisateur ne pourra l'écouter qu'à trois reprises ou pendant trois jours, puis le fichier sera «cadenassé» dans son Zune. Voilà qui donne une nouvelle perspective à ce qui semblait être une bonne idée, d'autant plus que le bon sens voudrait qu'on puisse charger son baladeur numérique Wi-Fi de fichiers mp3 en le connectant, grâce à la technologie sans fil, à l'ordinateur hôte. Eh bien non...

Une technologie controversée

Au coeur de la controverse du 3 X 3 se trouve la nouvelle technologie de gestion numérique des droits (digital rights management, ou DRM) adoptée par Microsoft.

Rappelons d'abord que, pour concurrencer la technologie FairPlay d'Apple, Microsoft avait mis au point PlaysForSure, compatible avec Windows Media Player, adoptée par plusieurs fabricants de baladeurs numériques (SanDisk, Samsung, Creative Labs, etc.) et marchands de musique numérique (Napster, MTV Urge, etc.). Or, en utilisant une nouvelle technologie, non seulement l'usager devra installer un autre logiciel que Windows Media Player pour gérer le contenu du Zune, mais, surtout, Microsoft tourne le dos à ses anciens partenaires et condamne PlaysForSure, au grand dam de ceux qui l'avaient adopté.

La nouvelle technologie DRM de Microsoft confirme également la mort de la boutique en ligne MSN Music Store, lancée en 2004 pour concurrencer iTunes Store. Les usagers du Zune devront fréquenter le Zune Marketplace, où ils pourront notamment se procurer de la musique par abonnement mensuel (la Zune Pass), comme l'offre déjà Napster. Pour 14,99US$, ils pourront se servir à volonté dans un catalogue de " millions de chansons ".

Le Zune déjà dans l'illégalité?

Mais un problème plus délicat encore se pose avec le concept du 3 X 3. Toutes les chansons partagées, qu'elles aient été achetées au Zune Marketplace, téléchargées sur un réseau P2P ou importées d'un CD dûment acheté, seront soumises à cette règle de gestion numérique des droits, sans égard à la nature des droits liés à ces fichiers. Selon plusieurs observateurs, le DRM de Microsoft pourrait enfreindre les droits de certains créateurs et se placer ainsi dans l'illégalité.

Prenons un exemple concret. Vous êtes un fan des artistes du netlabel montréalais Archipel. En toute légalité, vous avez gratuitement téléchargé The Spark is Lost, le nouvel album de l'artiste Sul.a, originaire de Québec.

Comme tous les artistes d'Archipel, Sul.a a placé ses compositions sous licence Creative Commons - c'est-à-dire que, selon la licence de droit d'auteur à laquelle Sul.a adhère, tous sont libres de télécharger, copier et partager son travail, sauf dans un but lucratif. Or, dans ces conditions, Microsoft enfreint le droit de l'usager du Zune de partager des oeuvres sous licence Creative Commons puisque, au bout de trois écoutes, le fichier devient «périmé».

Microsoft semble bien conscient du problème, mais le flou demeure. Un employé de Microsoft travaillant au Zune, Cesar Menendez, a semé la confusion le 19 septembre dernier sur son blogue, Zune Insider. L'entrée originale s'est volatilisée, mais Menendez corrige en écrivant que le nouveau DRM ne remplace pas le DRM original et laisse croire qu'une chanson de Sul.a, une fois partagée, serait soumise au 3 X 3, mais retrouverait sa licence originale lorsque le titre est téléchargé du Zune à l'ordinateur. Ouf!

- Zune Insider: Zune and DRM (ou «My Bad; I mis-Blogged»): zuneinsider.com/archive/2006/09/19/980.aspx

- Archipel: archipel.cc

- Creative Commons (en français): fr.creativecommons.org

- Zune: zune.net