Août dernier, dans les bureaux de l'entreprise de télécommunications Rogers. Deux dirigeants d'une firme d'avocats regardent Benoit Descary d'un air un peu sceptique. Ils tiennent à la main l'inévitable BlackBerry - ce petit ordinateur de poche devenu la coqueluche des hommes d'affaires, qui permet autant de téléphoner que de naviguer sur Internet.

Août dernier, dans les bureaux de l'entreprise de télécommunications Rogers. Deux dirigeants d'une firme d'avocats regardent Benoit Descary d'un air un peu sceptique. Ils tiennent à la main l'inévitable BlackBerry - ce petit ordinateur de poche devenu la coqueluche des hommes d'affaires, qui permet autant de téléphoner que de naviguer sur Internet.

M. Descary se tient lui-même devant une réplique géante d'un BlackBerry. Et à grands coups de crayon virtuel, il barbouille allégrement l'écran tactile où il est projeté.

«Appuyez sur la lettre «e», puis faites tourner la molette, ici», dit-il. Les dirigeants s'exécutent. Sur leur écran, le «e» qu'ils viennent de taper se transforme successivement en «é», «è», «ê», «ë» à mesure qu'ils tournent la molette. Fini le temps perdu à chercher le raccourci clavier pour faire un e tréma, ou les courriels à l'orthographe approximative souvent rédigés à partir de ces appareils.

Le PDG de la firme d'avocats, qui utilise pourtant son appareil depuis belle lurette, a l'air d'un gamin devant un nouveau jouet. Benoit Descary vient de remporter son pari. Non seulement la firme d'avocats équipera-t-elle ses employés de BlackBerry, mais elle engagera aussi DCE Solutions - l'entreprise dont M. Descary est président - pour leur montrer comment s'en servir.

«Les gens utilisent peut-être 10 ou 20% des capacités de leur appareil. À un moment donné, le constat est venu de lui-même: ils avaient besoin de formation», explique Guy Couture, l'autre associé derrière DCE Solutions.

M. Couture a été copropriétaire de commerces d'appareils électroniques pendant 18 ans. Et pendant 18 ans, il a entendu la même question de la part de ses clients : «Comment ça marche?» Jusqu'au jour où il comprend qu'il peut gagner sa vie en y répondant. Avec son ami devenu associé, il fonde DCE Solutions - pour Descary Couture Entreprises - en 1999. «Nous sommes des passionnés de technologie qui ont décidé de se lancer en affaires», explique-t-il.

La vague BlackBerry

Les deux associés commencent par former les pompiers de la base militaire de Valcartier à se servir de leur Palm Pilot, puis ce sont les médecins et les pharmaciens qui se tournent vers ces appareils et vers DCE Solutions pour en apprendre le maniement.

Quand ils voient les ordinateurs de poche fusionner avec les téléphones portables pour former une nouvelle génération d'appareils, M. Descary et M. Couture n'hésitent pas: ils laissent leur emploi pour se consacrer à temps plein à DCE Solutions. Leur modèle d'affaires est déjà peaufiné: ne reste plus qu'à se faire soulever par la vague BlackBerry. «On avait une vision très claire du potentiel», dit M. Couture.

Les entreprises sautent effectivement dans le bateau et achètent les appareils par centaines pour leurs employés. Leurs services de support technique n'ont ni le temps ni les compétences pour répondre à toutes les questions qui fusent en même temps. DCE Solutions arrive avec sa proposition : des formations de 120 minutes, pour des «employés efficaces dès le premier jour».

Les deux associés engagent des formateurs à la pige, s'allient aux distributeurs d'appareils comme Bell et Rogers qui utilisent l'argument de la formation pour convaincre les entreprises d'adopter la technologie. DCE Solutions offre même des formations privées aux hauts dirigeants, souvent les premiers à tester les nouvelles technologies.

Cap sur le Web

Après quelques voyages dans l'Ouest canadien pour y donner des formations, les deux associés font toutefois un constat: ils perdent énormément de temps sur la route. Vient l'idée des «Webinars», des formations sur Internet où chaque employé, appareil en main, suit à l'écran les démonstrations d'un formateur.

«On a fait des formations où on avait des gens dans chacun des fuseaux horaires du Canada dans la même classe virtuelle», raconte M. Descary. Coût : 1000$ pour une classe virtuelle de 20 participants, contre 1500$ pour une formation en salle avec 15 élèves.

Récemment, DCE Solutions a mis un autre outil aux services de ses clients : des «tutoriels» accessibles 24 heures sur 24 sur Internet, qu'on peut suivre à son propre rythme. Ce n'est pas un hasard: la petite entreprise, qui a déjà fait quelques percées aux États-Unis, veut maintenant y frapper le grand coup. Et comme le dit Benoit Descary, «le nerf de la guerre, pour nous, c'est maintenant Internet».