Comme ses homologues partout le monde, le secteur québécois des nouvelles technologies est à l'affût des marchés émergents: multimédia, outillage médical, etc. Sauf qu'il fait face à un manque de capital-risque plus prononcé qu'ailleurs: les gestionnaires de capital-risque se font rares et, pis encore, connaissent peu ou pas du tout les secteurs technologiques émergents.

Comme ses homologues partout le monde, le secteur québécois des nouvelles technologies est à l'affût des marchés émergents: multimédia, outillage médical, etc. Sauf qu'il fait face à un manque de capital-risque plus prononcé qu'ailleurs: les gestionnaires de capital-risque se font rares et, pis encore, connaissent peu ou pas du tout les secteurs technologiques émergents.

C'est ce qui fait craindre à des experts de la finance qu'on puisse manquer le plein potentiel de ces marchés émergents. «Au Québec en ce moment, il y a très peu de fonds disponibles pour le démarrage d'entreprises, déplore justement Serge Bourassa, président intérimaire du Centre d'entreprises et d'innovation de Montréal (CEIM). Dans ces circonstances, il est très difficile d'investir adéquatement dans des projets à fort potentiel.»

Les 10 dernières années n'ont pas été faciles, d'ailleurs. Et même si de nouveaux fonds de capital-risque ont vu le jour ces derniers mois, comme Garage Technology Ventures Canada et ID Capital, 2006 s'annonce comme une mauvaise année à ce sujet, selon l'Association canadienne du capital de risque et d'investissement (CVCA).

Capital-risque en baisseLe deuxième trimestre de 2006 s'est soldé par une hausse de l'investissement par rapport au premier trimestre, mais les 496 millions de dollars investis durant ces trois mois représentent une baisse de 25% par rapport à la même période l'an dernier. Au total, l'investissement en capital-risque est en baisse de 14% au Canada cette année.

Au Québec, ce n'est pas mieux: la baisse est de 38%, et ce sont surtout des investisseurs étrangers qui font vivre le secteur. «Cela reflète une pénurie du capital provenant de sources canadiennes pour des occasions de qualité», résume Rick Nathan, président du CVCA.

Heureusement, il y a des cas où le financement pour de nouveaux projets existe sous une autre forme que le capital-risque. Le CEIM cite en exemple Digital Dimensions Canada, une entreprise spécialisée dans les effets spéciaux audiovisuels, et Creo, une petite boîte de production numérique qui a littéralement vu le jour dans le salon de la résidence de sa fondatrice, dans le quartier Rosemont à Montréal.

Dans les deux cas, il a été plus facile de trouver du financement autrement qu'en plaidant sa cause auprès de gestionnaires en capital-risque. «Il faut toujours avoir un plan B», constate M. Bourassa.

Ce qui n'est pas toujours possible. Certains projets, par exemple, exigent un investissement initial de 2, voire 3 millions de dollars, une somme considérable dont le rendement n'est pas garanti avant quelques années, au mieux. C'est plus apparent dans des secteurs comme les biotechnologies, où il est plus difficile de concevoir de nouveaux produits dans le sous-sol d'une maison.

S'inspirer du modèle américainDans une conférence organisée le mois dernier par Réseau Capital, l'association des investisseurs en capital de risque du Québec, le Dr Gilles Duruflé identifiait quelques solutions pour corriger cette situation.

En gros, il recommande aux investisseurs de relever la barre à tous les niveaux. Mieux connaître les gestionnaires sur qui ils misent, créer des fonds plus importants en termes de capital et réviser la stratégie de sortie de ces investissements. «Il nous faut bâtir des entreprises solides selon les normes mondiales», dit-il.

Le Dr Duruflé pense qu'il faudrait se rapprocher davantage du modèle américain, qui surperforme les modèles européen et canadien à tous les égards et qui connaît beaucoup de succès avec les technologies émergentes. Par exemple, dès 1996, 30% des firmes américaines investissaient dans le réseau Internet, comparativement à 7% en Europe. Au Canada, il n'y en avait tout simplement pas.

Pour encourager les investisseurs à risquer davantage, Serge Bourassa ajoute qu'il ne faut pas non plus oublier les revenus d'opportunité, ces dérivés de l'investissement initial qui se traduisent parfois par un profit additionnel imprévu. «Et dans le Grand Montréal, il y a un bon bassin d'entrepreneurs, et des petites entreprises dans plusieurs secteurs émergents», dit-il.