Le procureur de Californie Bill Lockyer a inculpé mercredi deux ex-dirigeants de Hewlett-Packard (HP), dont l'ex-présidente du Conseil d'administration Patricia Dunn, et trois détectives privés en raison de l'enquête clandestine menée auprès d'administrateurs et de journalistes.

Le procureur de Californie Bill Lockyer a inculpé mercredi deux ex-dirigeants de Hewlett-Packard (HP), dont l'ex-présidente du Conseil d'administration Patricia Dunn, et trois détectives privés en raison de l'enquête clandestine menée auprès d'administrateurs et de journalistes.

Le procureur a indiqué dans une conférence de presse que parmi les autres personnes inculpées figuraient un ancien cadre dirigeant de HP, Kevin Hunsaker, ainsi que Ronald DeLia, Matthew Depante et Bryan Wagner, des détectives privés.

«L'une des entreprises les plus respectées de notre Etat a perdu le sens des proportions et son Conseil d'administration a tenté de savoir qui avait donné à la presse des informations confidentielles», a souligné Bill Lockyer lors d'une conférence de presse mercredi.

«Dans le cadre de cette initiative injustifiée, des gens au sein même et à l'extérieur de HP ont violé le droit à la vie privée et ont enfreint les lois de l'Etat. Ceux qui ont enfreint la loi doivent être tenus pour responsables», a-t-il affirmé.

La justice de Californie s'est penchée sur cette affaire d'espionnage après que le groupe eut reconnu début septembre avoir engagé des détectives privés pour espionner des journalistes et des membres de son propre conseil d'administration afin de déterminer l'origine de fuites vers la presse.

Les enquêteurs ont notamment eu recours à de fausses identités pour récupérer les relevés téléphoniques des personnes surveillées.

Les chefs d'inculpation prononcés mercredi vont de communications frauduleuses à l'usurpation d'identité en passant par l'utilisation illégale de données informatiques.

Dans un bref communiqué, HP a indiqué qu'il «continuerait à collaborer avec la justice fédérale et de l'Etat de Californie», mais s'est refusé à tout autre commentaire sur ces inculpations.

L'avocat de Patricia Dunn a pour sa part affirmé que «ces inculpations ont été prononcées contre la mauvaise personne, au moment moment et pour les mauvaises raisons».

«Elles sont le point culminant d'une campagne de désinformation très bien financée et orchestrée», a affirmé l'avocat, Jim Brosnahan.

Patricia Dunn, avait pris la tête du Conseil d'administration en février 2005 après la démission forcée de la précédente «pédégère» du groupe Carly Fiorina dont la gestion était contestée, notamment dans l'organisation de la fusion avec Compaq, acheté par HP en mai 2002.

Une commission du Congrès américain avait interrogé longuement la semaine dernière Patricia Mme Dunn et le nouveau PDG de HP, Mark Hurd, pour éclaircir l'affaire, qui a tourné au débat politique sur la protection de la vie privée.

Les autorités judiciaires fédérales ont également ouvert des enquêtes sur cette affaire mais aucune inculpation à ce niveau n'a encore été prononcée.

Hewlett Packard est l'un des premiers groupes informatiques au monde et emploie 150 000 personnes. Son siège est à Palo Alto en Californie. Il est l'un des pionniers du secteur de la haute-technologie connu sous le nom de «Silicon Valley», proche de San Francisco.

Toute l'affaire avait éclaté au grand jour lorsqu'un administrateur, le financier milliardaire Thomas Perkins, s'était indigné publiquement des méthodes employées pour tenter d'identifier la source des fuites vers la presse.

HP avait alors reconnu que des méthodes d'usurpation d'identité avaient été employées déclenchant le processus qui a mené à une audition organisée par la Chambre des représentants américains.

«Nous devons faire en sorte que ce pays se dirige dans une voie qui puisse assurer que les personnes ne seront plus exposées à des instrusions dans leur vie privée de la part de leur employeur, du gouvernement ou de malfaiteurs qui veulent faire de l'argent à leurs dépens», s'est indigné mercredi le représentant démocrate Ed Markey après l'annonce des inculpations.