L'homme manipule son téléphone portable, pousse quelques boutons et la couverture du livre sacré des musulmans, le Coran, apparaît sur son écran avant qu'une voix enregistrée en récite des versets.

L'homme manipule son téléphone portable, pousse quelques boutons et la couverture du livre sacré des musulmans, le Coran, apparaît sur son écran avant qu'une voix enregistrée en récite des versets.

Corans téléchargeables, stylos radio pour écouter la prière, martyrs disant la bonne aventure par ordinateur, sont quelques exemples de la multiplicité des innovations exposées à la foire du livre de Téhéran.

«Ce sera le meilleur usage que je puisse faire de mon portable», dit Ismaïl Azad, le visage rayonnant, après avoir installé le livre saint sur son téléphone.

Il en a entendu parler à la radio, et le logiciel «Nour al-Tarik» (le chemin de la lumière) lui aura coûté l'équivalent de cinq euros.

La présentation du Coran a évolué sans cesse depuis sa révélation au prophète Mahomet au VIIe siècle, sa mémorisation par ses disciples, et puis son inscription sur des peaux de bête.

Les livres ornés de calligraphies élaborées et précieuses qui ont suivi sont toujours d'actualité, mais l'islam n'a jamais cessé de chercher de nouveaux moyens de répandre la bonne parole.

«Nous avons commencé la vente de notre logiciel il y a deux mois, après plus de six mois de travail», raconte Amir Gholami, qui vend un coran téléchargeable sur les modèles les plus modernes de portable. «Les clients sont très satisfaits et nous viennent de partout».

Dans la République islamique, où le Coran est enseigné dès l'école primaire, et des versets sont affichés sur les panneaux des villes, la diffusion du verbe saint est une véritable mission.

Au stand d'une fondation soutenue par l'armée idéologique des Gardiens de la révolution, deux jeunes Iraniens vendent un logiciel du Coran, avec version originale en arabe, traductions et interprétations, pour à peine cinquante centimes d'euro.

«Pourquoi un musulman devrait-il payer cher pour un Coran alors que les chrétiens vendent des Bibles bon marché?», interroge Hossein Morabadi, en expliquant que «tout musulman doit avoir un accès facile» au livre de l'islam.

Non loin, on vend des stylos équipés d'une radio miniature calée sur Radio Coran, qui diffuse des récitations du livre en continu, jour et nuit.

Mais l'outil le plus original est sans doute celui permettant de recueillir le présage d'un des martyrs de la guerre Iran-Irak (1980-1988), toujours aussi révérés en Iran. «Demandez votre destin aux shohada (martyrs)», annonce l'affiche du stand de Javad Jeddi, qui utilise un logiciel pour obtenir «une lettre des cieux».

Le logiciel, conçu par la Fondation des martyrs iraniens, une puissante organisation chargée de subvenir aux besoins de leurs familles, contient plus de 70 testaments laissés par des victimes «héroïques» de la guerre.

Les visiteurs donnent leur nom et leur âge, et l'ordinateur sort une formule attribuée à l'un d'eux. «Nous avons fourni plus de 1.000 présages en cinq jours, surtout à des jeunes», dit M. Jeddi. «Beaucoup sont revenus avec un ami ou un proche pour connaître leur destin».

Dans son tchador noir, Fatimeh Taheri dit «croire vraiment à la bonne aventure, qui a un fondement religieux. J'utilise moi même une technique de divination avec des poèmes de Hafez», explique-t-elle en se référant au célèbre poète mystique iranien du XIVe siècle.

«Je crois à ce genre de divination parce que nos martyrs étaient de vrais croyants et tous les présages que j'ai reçus se sont révélés vrais», conclut-elle.