Après plus de cinq ans dans le rôle de sauveur de Hollywood, le DVD semble un peu fatigué et pour une fois, les studios ont du mal à proposer une suite.

Après plus de cinq ans dans le rôle de sauveur de Hollywood, le DVD semble un peu fatigué et pour une fois, les studios ont du mal à proposer une suite.

Les ventes de DVD forment plus de la moitié des revenus que les studios génèrent grâce à la plupart de leurs films. Mais on s'attend à ce que ces ventes ne progressent que de 2 % cette année, ce qui est bien loin de la croissance de 10 % et plus d'il y a deux ans. Les DVD de haute définition sont censées relancer les affaires, mais des retards pour des raisons techniques et une guerre de format entre deux camps menés par Sony et Toshiba ont refroidi les attentes.

Les studios ont commencé à transmettre des fichiers de films numériques par Internet, mais jusqu'à présent, les ventes sont minuscules. Les locations et la vidéo sur demande connaissent un essor, mais ils génèrent beaucoup moins de profits pour les studios que les DVD achetés en magasin.

Cette situation explique pourquoi les patrons, qui étaient réunis à Los Angeles plus tôt ce mois-ci à l'occasion d'une conférence de l'industrie, s'attendent à ce que, pour le meilleur ou le pire, le bon vieux DVD demeure leur gagne-pain pendant plusieurs années encore.

Entre-temps, ils ont recours à toutes les solutions qu'ils peuvent imaginer pour trouver une nouvelle source de revenus.

«La technologie semble changer chaque semaine», lance Bob Chapek, président de Buena Vista Home Entertainment, division de Disney.

Pour les studios, le temps presse: on s'attend à ce que les ventes de DVD conventionnels chutent d'environ 20 % d'ici 2010, selon Adams Media Research, consultant de l'industrie établi à Carmel, en Californie.

Effets pervers

Les studios ont aussi raccourci le délai entre la projection des films sur écrans et la vente des DVD. Cela s'est traduit par des pointes de vente plus prononcées tout de suite après l'apparition des DVD sur le marché, mais aussi par des baisses plus marquées plus tard et par un roulement accru sur les tablettes des magasins. Dans le cas des films qui rapportent plus de 100 millions US aux guichets, 84 % des ventes de DVD sont effectuées dans les six premières semaines après leur lancement, comparativement à 81 % en 2003, précise David Hoffman, de Nielsen VideoScan.

Une partie du ralentissement échappe au contrôle des studios. Par exemple, un nombre croissant d'Américains abonnés à la câblodistribution numérique regardent des films sur demande et achètent ou louent moins de DVD.

Comcast, premier câblodistributeur aux États-Unis, permet aux abonnés de regarder gratuitement 7500 films et émissions, et depuis 2004.

Si cela a permis aux Américains d'éviter d'avoir à prendre leur auto pour se rendre au centre commercial afin d'acheter des DVD, il reste qu'ils continuent à en louer.

Netflix, un service de commande poste qui possède environ 60 000 DVD compte environ 5 millions de clients et Reed Hastings, son chef de la direction, prévoit en avoir 20 millions d'ici 2012.

«Les DVD vont dominer pendant une autre décennie», soutient M. Hastings. Les studios empochent des revenus lorsque Netflix et d'autres compagnies louent leurs films. Mais ces revenus issus des locations sont bien minces comparativement aux bénéfices tirés de la vente de disques aux consommateurs. Les studios américains touchent 17,26 $US pour chaque DVD qu'ils vendent, mais seulement 2,37 $US pour les films sur demande et 2,25 $US par DVD loué.

150 millions de DVD

Les gigantesques installations de Technicolor, à Camarillo, en Californie, expédient environ 150 millions de DVD par année, soit à peu près 9 % de la production mondiale, à des magasins disséminés dans tout l'Ouest des États-Unis. Dans une aile, des machines robotisées crachent de nouveaux disques toutes les trois secondes. Dans des édifices adjacents, ces disques sont insérées dans des boîtiers de plastique et emballés pour expédition. Dans un autre entrepôt, les DVD sont placés dans des boîtes de carton, mis sur des palettes et expédiés à Best Buy, Costco et à d'autres détaillants.

L'argent que génère les DVD est un motif puissant qui incite les studios à faire la réclame des nouveaux DVD haute définition, qui commencent à être vendus et utilisés comme les disques conventionnels.

Malheureusement, il y a un hic. Les studios, les fabricants de produits électroniques et les compagnies de technologie qui les mettent au point proposent deux formats: le Blu-ray, appuyé par Sony, Dell, Disney et d'autres; et le HD-DVD, soutenu par Toshiba, Microsoft et Universal, notamment.

Cette division pourrait faire en sorte que les consommateurs restent sur la touche parce qu'ils risquent d'être pris avec des lecteurs et des disques obsolètes si une partie finit par renoncer.

Le coût est un autre facteur à considérer. Le lecteur vendu 500 $US par Toshiba aux États-Unis ne lit, pour l'instant, que des films de trois des grands studios. À la fin du mois, Samsung mettra sur le marché la première machine Blu-ray, qui pourra faire jouer plus de films, mais on s'attend à ce qu'elle coûte environ 1000 $US.