Ray Ozzie, qui n'a rejoint Microsoft qu'en 2005, va remplacer Bill Gates dans le rôle du pilote de l'innovation chez le leader mondial du logiciel, à un moment où sa domination sur le monde informatique doit s'adapter au tout Internet.

Ray Ozzie, qui n'a rejoint Microsoft qu'en 2005, va remplacer Bill Gates dans le rôle du pilote de l'innovation chez le leader mondial du logiciel, à un moment où sa domination sur le monde informatique doit s'adapter au tout Internet.

Microsoft a annoncé jeudi que son fondateur Bill Gates se retirerait progressivement de ses fonctions à la direction opérationnelle d'ici à juillet 2008, tout en restant à la tête du conseil d'administration.

Son titre d'architecte en chef des logiciels, appellation maison pour le patron du développement de produits, revient immédiatement à Ray Ozzie, qui avait pris au printemps 2005 les fonctions de directeur technique à la faveur du rachat par Microsoft de Groove Networks.

Ozzie, 50 ans, avait fondé en 1997 ce groupe spécialisé dans le logiciel de travail à distance en temps réel.

Vendredi, les analystes se disaient peu inquiets de ce changement de tête, insistant sur un plan de succession selon eux bien préparé par Bill Gates (qui avait déjà cédé son poste de PDG en 2000 à Steve Ballmer) et sur la très bonne réputation de Ray Ozzie.

Avant sa start-up «Groove Networks», Ozzie avait créé dans les années 1980 les logiciels de messagerie pour professionnels Lotus Notes (développés ensuite par IBM), et il passe pour être un des tout meilleurs programmeurs d'applications professionnelles au monde.

«La promotion de Ray Ozzie est une évolution naturelle et pourrait avoir un impact positif sur le long terme», indique Jason Maynard, de la banque Credit Suisse.

«Bill Gates était en train de préparer ça depuis l'embauche de Ray Ozzie et nous ne sommes que modérément préoccupés par l'impact de l'annonce», souligne de son côté Brent Thill, de Citigroup.

À la Bourse américaine, l'action Microsoft cédait néanmoins 0,45% à 21,94 dollars vendredi vers 16H15 GMT.

Mais les investisseurs semblent peiner à reprendre confiance après les déconvenues liées ces derniers mois au démarrage poussif de la console de jeux vidéo Xbox 360 ou surtout à la sortie retardée de Windows Vista, le nouveau système opérationnel de Microsoft.

L'action du groupe a perdu plus de 20% de sa valeur depuis la fin janvier.

«Etant donné les récents retards de produits et le recul de l'action, perdre un tel visionnaire (Bill Gates) pourrait affecter le moral à court terme», ajoute Brent Thill, notant aussi que ce changement de dirigeant est «emblématique d'une transition en terme de modèle d'entreprise».

Pour Jason Maynard, le nouvel architecte en chef des logiciels aura «la tâche impressionnante de faire évoluer (Microsoft) d'un modèle centré autour du PC vers un modèle orienté sur les services» et les logiciels disponibles en ligne.

En somme, c'est Ray Ozzie qui devra comprendre à quel point le comportement de l'usager du PC a évolué récemment. Ce dernier, poussé pour les offres gratuites de Google ou tout le mouvement du code source libre, est de plus en plus enclin à se tourner vers l'internet pour ses applications informatiques.

Vis-à-vis des clients professionnels, ajoute l'analyste de Credit Suisse, Microsoft va aussi devoir se montrer plus souple et plus réactif alors que la concurrence se renforce de la part de groupes comme Oracle, Salesforce.com et Red Hat, un des principaux distributeurs du logiciel libre Linux.

«Même si nous pensons que Microsoft a compris (ce défi des services en ligne), la réalité est qu'il est difficile de piloter une organisation d'une telle ampleur enracinée dans de nombreuses pratiques anciennes», conclut Jason Maynard.

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