Il n'y a pas que l'Inde et la Chine dans la vie. Montréal représente encore un attrait aux yeux de Henning Kagermann, président du conseil de direction et chef de la direction de SAP.

Il n'y a pas que l'Inde et la Chine dans la vie. Montréal représente encore un attrait aux yeux de Henning Kagermann, président du conseil de direction et chef de la direction de SAP.

L'homme à la tête du numéro un mondial des solutions d'affaires informatisées ne fait pas que flatter l'ego des Montréalais.

Il a doublé les effectifs du laboratoire de la métropole l'an dernier pour les amener à 200 employés, et s'apprête à lui donner de nouveaux moyens.

« Nous avons quelques nouveaux employés qui commencent ce matin. C'est constant, il y en a chaque mois. Et nous prévoyons en embaucher 25 en juillet, peut-être davantage », dit Laure Le Bars, directrice générale de SAP Labs Canada.

Pas que les coûts

SAP, une multinationale allemande, possède pourtant des laboratoires à Shanghai et en Inde. Qu'attendez-vous pour tout transférer en Asie, M. Kagermann? L'homme sourit.

« Les coûts, vous savez, ce n'est qu'une partie de l'équation », explique-t-il dans une entrevue exclusive accordée lundi à La Presse Affaires lors de son passage à Montréal.

SAP conçoit des logiciels qui aident les entreprises à gérer leurs opérations, que ce soit au niveau de leur chaîne d'approvisionnement ou de leurs relations avec les clients. « Disons que tous mes développeurs sont assis en Inde. Dans une certaine mesure, ça pourrait fonctionner. Sauf que si vous êtes un client, vous voulez que les développeurs travaillent avec vous, qu'ils soient près de vous, qu'ils puissent améliorer le logiciel avec vous », dit M. Kagermann.

Bref, même à l'heure de la mondialisation, la position géographique compte. « Montréal se trouve dans un marché-clé pour nous: l'Amérique du Nord. Cette région représente la moitié du marché des technologies de l'information », dit l'homme d'affaires.

Question de réputation

L'entreprise a toujours soutenu que c'est le talent davantage que les crédits d'impôt qui l'a attirée à Montréal. La décision de s'établir dans la Cité du multimédia a été prise en 1997, avant l'apparition des grands encouragements fiscaux. « Nos employés ne sont pas seulement de bons techniciens ou de bons programmeurs, dit Mme Le Bars. Ils connaissent le milieu des affaires de l'Amérique du Nord. Ils comprennent ce qu'ils font et sont en mesure d'amener des idées nouvelles. »

Et au-delà des compétences, il y a la réputation. « Dans l'industrie des logiciels, la question importante est: Avec qui est-ce que je fais affaire? Si vous avez l'impression que l'innovation et le développement se font en Amérique du Nord, c'est toujours bon. Sinon, vous allez croire que les gens vous refilent des logiciels basés sur des connaissances de seconde classe », dit M. Kagermann.

Voilà pourquoi SAP possède aussi un laboratoire en Californie, au coeur d'une région qu'on appelle... Silicon Valley. « Vous ne pouvez pas passer par-dessus la Silicon Valley, dit M. Kagermann. C'est un synonyme de développement et d'innovation. »

Le virage des radiofréquences

M. Kagermann, qui compte parmi ses concurrents des entreprises comme Microsoft, Oracle et Siebel, explique ainsi le rôle de SAP. « On prend une épine du pied d'une entreprise et on l'enlève. Ce faisant, on lui simplifie la vie. Mais la complexité ne s'évapore pas: c'est nous qui l'assumons. »

Un domaine est ainsi appelé à prendre de plus en plus de place dans le laboratoire montréalais: les radiofréquences. SAP propose à ses clients d'utiliser des capteurs et des lecteurs pour mesurer leurs activités. Cela peut prendre la forme d'étiquettes électroniques qui remplacent les fameux codes à barres et qui faciliteront les inventaires; pour une compagnie qui transporte des aliments, on peut penser à des capteurs qui mesurent la température et indiquent si les produits se conservent bien.

Combinées aux logiciels de SAP, les radiofréquences permettent d'optimiser davantage les activités. « Si vous avez une bonne voiture, elle va mesurer un paquet de paramètres, envoyer ça à un ordinateur et vous dire: Vous devez aller à la station-service dans 10 jours pour un changement d'huile. Cela vous aide à planifier vos activités », dit M. Kagermann.