Depuis lundi, il est possible d'appeler gratuitement n'importe quel téléphone fixe ou cellulaire au Canada et aux États-Unis. Détrompez-vous, il ne s'agit nullement d'une annonce racoleuse qui camoufle divers frais d'installation et d'activation.

Depuis lundi, il est possible d'appeler gratuitement n'importe quel téléphone fixe ou cellulaire au Canada et aux États-Unis. Détrompez-vous, il ne s'agit nullement d'une annonce racoleuse qui camoufle divers frais d'installation et d'activation.

En effet, la dernière version du logiciel de téléphonie Skype est en train de faire les beaux jours des consommateurs. Une rude bataille commerciale, imposée aux exploitants classiques, se profile.

Le son n'est pas de première qualité et l'offre n'est valide que pendant sept mois et demi. Pourtant, la gratuité offerte par Skype constitue une petite révolution dans le monde de la téléphonie.

Du côté des fournisseurs téléphoniques, on dit ne pas trop s'en inquiéter. Isabelle Dessureault, directrice générale des communications chez Vidéotron, souligne que «la consommation téléphonique des Québécois diffère de celles des autres nord-américains. Ici, 75 % des interurbains sont réalisés à l'intérieur du Québec». Cette spécificité fait dire à Mme Dessureault que l'offre de Skype «pourrait séduire une certaine clientèle», mais que les clients resteront fidèle à des «opérateurs plus fiables».

Chez Telus Mobilité, on dit suivre la situation de près. «Nous regardons avec attention les nouveaux produits de nos concurrents. Mais il n'y a aucun changement à notre stratégie. La nouvelle offre de Skype s'adresse à un marché particulier. Et ce n'est pas tout le monde qui a les compétences techniques pour appeler d'un ordinateur vers un téléphone», mentionne le directeur du service de développement, Jim Johannsson. Ce dernier ajoute que «Skype n'a pas eu la même popularité en Amérique par rapport au reste du monde, car les communications locales y sont d'ores et déjà gratuites».

Pas de changement immédiat

Dans l'immédiat, le prix des appels téléphoniques «classiques» ne devrait donc pas baisser. Mais un succès foudroyant de Skype pourrait changer la donne et obliger les exploitants réguliers à réduire leurs tarifs.

André Caron est professeur titulaire au département de communication de l'Université de Montréal. Selon lui, «la tendance forte chez les consommateurs- particulièrement chez les jeunes- est celle de tolérer les dégradations de son. La priorité va à l'échange et à la communication, mais il y a également une grande sensibilité à la dimension économique». Skype cherche donc à créer un effet d'accoutumance chez ses utilisateurs. Habitués à la gratuité des appels, certains d'entre eux seraient prêts à payer pour garder le service (appelé SkypeOut) au-delà du 31 décembre.

Sur les forums de discussion, ils étaient nombreux à exprimer leur satisfaction. Un Montréalais remerciait Skype de lui permettre d'épargner le coût «ridicule» des appels téléphoniques. Un New-Yorkais se félicitait de «la haute qualité et de l'absence de distorsion», lors d'une conversation avec des amis canadiens. Pour les besoins de cet article, l'auteur de ces lignes a également opté pour SkypeOut. Outre l'économie réalisée sur les appels interurbains, la possibilité de garder la ligne téléphonique régulière libre ne manquait pas d'attrait.

Depuis février 2004, l'entreprise du Luxembourg permet à ses utilisateurs de discuter gratuitement d'ordinateur à ordinateur. Peu importe que votre interlocuteur habite le Vieux-Montréal ou qu'il se trouve en Australie, la qualité de son est aussi bonne que celle d'une communication téléphonique locale. À condition, bien sûr, de posséder une connexion (la haute vitesse est préférable) et d'être muni d'un casque d'écoute et d'un haut-parleur.

En deux ans et demi, le logiciel a été téléchargé par 100 millions d'internautes venant des quatre coins du monde. Il est l'oeuvre du Suédois Niklas Zennström et du Danois Janus Friis qui sont également connus pour être les fondateurs de KaZaA, le célèbre réseau d'échange de musique en ligne.

En septembre dernier, Skype a été racheté par le site d'enchères en ligne eBay pour la colossale somme de 2,6 milliards US.

Pour plus d'informations: www.skype.com

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