Le producteur de jeux vidéo Ubisoft n'a pas du tout apprécié le départ de son président Martin Tremblay pour un concurrent. Par la voie des tribunaux, l'entreprise tente d'empêcher Martin Tremblay de travailler pour Vivendi Games, en Californie.

Le producteur de jeux vidéo Ubisoft n'a pas du tout apprécié le départ de son président Martin Tremblay pour un concurrent. Par la voie des tribunaux, l'entreprise tente d'empêcher Martin Tremblay de travailler pour Vivendi Games, en Californie.

Le recours à la Cour supérieure du Québec, mercredi, prend la forme d'une requête en injonction.

Elle vise à interdire à Martin Tremblay de travailler pour Vivendi Games ou pour tout concurrent en Amérique du Nord.

Ubisoft Divertissements demande également que Vivendi s'abstienne d'utiliser toute information confidentielle ou stratégique sur Ubisoft obtenue de Martin Tremblay.

Le réputé gestionnaire a démissionné de son poste de président-directeur général d'Ubisoft Divertissements le 27 mars, selon la requête.

La nouvelle a été communiquée au public le 3 avril.

Quelques jours plus tard, le 19 avril, Vivendi Games annonçait l'embauche de Martin Tremblay à titre de président, Worldwide Studios, à Los Angeles.

Martin Tremblay avait été promu PDG de Ubisoft Divertissements en janvier 2000.

L'homme de 40 ans avait un grand défi, puisque le studio de Montréal qu'il présidait compte 1430 employés sur les 3550 d'Ubisoft dans le monde, indique la requête.

Martin Tremblay connaît les secrets commerciaux, les employés-clés et les processus de développement des jeux d'Ubisoft, comme le Stage Gate, fait valoir la requête.

Il est également bien au fait de la stratégie de la maison mère de France, Ubisoft Entertainment, présidé par Yves Guillemot.

Son salaire annuel de 275 000 $ et sa prime de 300 000 $ témoignent d'ailleurs de l'importance de son poste.

Pour intenter sa poursuite, Ubisoft s'en remet notamment aux clauses de confidentialité, de non-concurrence et de non-sollicitation de son contrat de travail.

Selon ce contrat, Martin Tremblay ne peut travailler pour un concurrent durant une période d'un an suivant la terminaison de son emploi, soutient la requête.

Il ne peut également faire usage pendant une période de deux ans de toute information confidentielle concernant Ubisoft ni lui faire concurrence.

La situation est ironique pour Ubisoft puisque Martin Tremblay a défendu en cour le même type de clause de non-concurrence dans le cadre d'un litige contre le concurrent Electronic Arts.

Ce géant des jeux vidéo avait recruté cinq employés clés de Ubisoft en 2003.

La Cour supérieure a d'ailleurs accueilli en partie la requête en injonction alors intenté contre les employés, rappelle la requête.

Cette fois, l'injonction pourrait déboucher sur une guerre de juridiction avec la Californie.

Martin Tremblay a en effet déclaré que ce type de clause de non-concurrence est illégal en Californie et n'a donc pas d'emprise sur son embauche par Vivendi.

Selon la requête, il a d'ailleurs consulté trois avocats de trois pays différents pour «se soustraire à l'application de la clause de non-concurrence».

Hier (jeudi), en cour, Ubisoft tentait de faire valoir le caractère urgent de la situation auprès du juge Robert Mongeon, en demandant d'abord une injonction provisoire de 10 jours.

À cette demande d'injonction suivra une demande d'injonction interlocutoire puis permanente.

Au moment de mettre sous presse, le juge Robert Mongeon n'avait toujours pas rendu sa décision sur l'injonction provisoire.