Microsoft a marqué des points mardi face à la Commission européenne, qui s'est montrée beaucoup moins convaincante au deuxième jour du procès dont le géant américain espère qu'il fera annuler sa condamnation pour abus de position dominante.

Microsoft a marqué des points mardi face à la Commission européenne, qui s'est montrée beaucoup moins convaincante au deuxième jour du procès dont le géant américain espère qu'il fera annuler sa condamnation pour abus de position dominante.

En mars 2004, la Commission avait condamné l'éditeur de logiciels à une amende record de 497 millions d'euros et l'avait contraint, entre autres choses, à commercialiser son système d'exploitation vedette Windows sans le lecteur audio-vidéo Media Player.

Après avoir exposé leurs plaidoiries lundi, les deux parties ont été mardi passées sur le gril par les 13 juges du Tribunal de Première instance de la Cour européenne de Justice.

John Cook, le juge irlandais rapporteur du dossier, a commencé par aiguillonner Microsoft, en lui demandant de démontrer que Windows et Media Player constituaient bien des produits indivisibles, raison pour laquelle ils auraient été intégrés l'un à l'autre en mai 1999.

Après force détours, Will Poole, l'un des hauts responsables de Microsoft a finalement dû reconnaître que «oui, il aurait été techniquement possible» de ne pas intégrer le Media Player dans Windows -de même que «les constructeurs automobiles peuvent vendre des voitures sans climatisation ni radio»- mais le système d'exploitation «n'aurait pas été un produit intégré et fonctionnel comme le réclame le consommateur».

Après cette première concession, avocats et experts de Microsoft ont toutefois redressé rapidement la barre, répondant du tac au tac aux questions des juges.

Peer Hellström, l'avocat de la Commission, est en revanche apparu très hésitant d'un bout à l'autre de la matinée, ne parvenant guère à étayer ses réponses.

Les juges ont ensuite souhaité revenir sur des courriers électroniques pour le moins édifiants échangés à la fin des années 1990 entre plusieurs hauts responsables de Microsoft.

Dans ces mails, il était explicitement indiqué qu'il fallait «repositionner la bataille» et se servir du monopole de Windows pour y intégrer le Media Player et éclipser son concurrent d'alors Real Player.

Media Player «est comme Netscape. La seule différence c'est que nous avons la chance de commencer la bataille plus tôt», écrivait-on chez Microsoft. Microsoft était alors parvenu à éliminer le navigateur internet Netscape, en intégrant à Windows son propre logiciel, Internet Explorer.

Chiffres d'affaires et effectifs de Microsoft

Refusant de discuter plus avant de ces propos, l'avocat de Microsoft, le Belge Jean-François Bellis, s'est contenté de répondre par une phrase restée célèbre du cardinal de Richelieu: «Donnez-moi deux lignes d'un homme et je vous le fais pendre».

Alors que la Commission affirme que l'intégration de Media Player dans Windows -qui équipe 9 ordinateurs sur 10 sur la planète- constitue un obstacle à l'émergence de nouveaux lecteurs audio-vidéo, Will Poole de Microsoft a répété mardi que «les faits dans le marché démontrent» le contraire.

Après une série de questions plus techniques les unes que les autres de la part des juges, la juge Maria Martins Ribeiro s'est enquise d'un constat simple: quelle est la part de marché de Word, le logiciel de traitement de texte de Microsoft ?

La réponse de Microsoft a été «de 90 à 92%». Et le rapporteur Cook de s'écrier alors: «et cela sans avoir été couplé (à Windows)?!» Une exclamation à laquelle a acquiescé avec un sourire l'avocat de Microsoft, que la Commission accuse d'avoir atteint 85% de part de marché pour le Media Player, uniquement grâce à son intégration dans Windows.