Perchés sur des arbres, hurlant, comme envoûtés par une nouvelle icône, des étudiants vietnamiens ont offert un bain de foule samedi au patron de Microsoft, Bill Gates, venu décrire ce que pourrait être leur vie lorsque le pays aura franchi le cap des technologies de l'information.

Perchés sur des arbres, hurlant, comme envoûtés par une nouvelle icône, des étudiants vietnamiens ont offert un bain de foule samedi au patron de Microsoft, Bill Gates, venu décrire ce que pourrait être leur vie lorsque le pays aura franchi le cap des technologies de l'information.

Ils étaient environ un millier, à l'Université polytechnique de Hanoï, à écouter le gourou de l'informatique avec traduction simultanée.

Mais des milliers d'autres l'ont observé de l'extérieur, massés sur les balcons et devant l'auditorium, les yeux rivés sur les écrans vidéos, incapables sans doute pour beaucoup d'entre eux de comprendre la moitié de ce qui était dit.

«Vous représentez l'avenir, l'avenir de l'invention et de la technologie, l'avenir de ce pays en vous assurant qu'il se dote de la technologie numérique pour le faire se développer très, très vite», a dit Bill Gates, déclenchant des hurlements de groupies.

Quelques minutes plus tôt, l'homme le plus riche du monde s'était entretenu avec le Premier ministre vietnamien Phan Van Khai et le président Tran Duc Luong, pourtant corps et âmes consacrés au Xe congrès du Parti communiste (PCV), qui doit s'achever mardi.

Pendant que le parti unique travaillait à renouveler ses dirigeants sous le regard des effigies de Marx, Lénine et Ho Chi Minh, les étudiants n'avaient d'yeux que pour Gates.

«Il est excellent et il réussit», expliquait Do Yen, 21 ans. «C'est mon idole. J'espère que mon pays connaîtra quelqu'un comme lui dans le futur».

Au delà du discours, le personnage lui-même semblait suffire au bonheur de la foule.

Dinh Ngoc Thang, l'un des dix étudiants à avoir reçu une bourse de Microsoft, avait récemment déclaré à la presse: «la valeur des études est moins importante que le fait que j'aurai la chance de serrer la main de Bill Gates.»

Samedi, le grand prêtre du logiciel n'a pas eu besoin de forcer le trait en évoquant la reconnaissance vocale, ou les téléphones portables de demain plus puissants que les ordinateurs d'aujourd'hui.

Mais son auditoire, élite privilégiée d'un pays de 83 millions d'habitants dont le PNB annuel par tête est de 640 dollars, voulait surtout savoir ce qu'entraînerait la révolution en cours.

«Le phénomène d'internet a déjà rendu le monde beaucoup plus petit, a répondu Gates. Si autrefois, le destin des hommes dépendait du pays dans lequel ils avaient eu la chance de naître», désormais, grâce à internet, il est moins déterminé par la géographie que «par l'investissement dans l'éducation».

Beaucoup des étudiants présents samedi avaient déjà utilisé des produits Microsoft, mais aucun, sans doute, ne l'avait payé au prix fort. Au Vietnam, plus de 90% des logiciels sont des copies vendues deux dollars pièce.

Samedi, le ministère vietnamien des Finances est devenu le premier organe de l'Etat à utiliser officiellement des produits Microsoft dûment certifiés pour ses quelque 15 000 employés.

Bill Gates, qui a rencontré le président chinois Hu Jintao cette semaine près de Seattle, a évoqué la volonté affirmée de Pékin de lutter pour la protection de la propriété intellectuelle.

Les dirigeants de Hanoï ont également fait état de leur volonté de combattre la contrefaçon au Vietnam, pays qui espère intégrer l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dès cette année.

En fin d'après-midi, Gates devait aussi lancer dans une province du nord du pays le projet «Un seul clic», pour permettre l'utilisation de programmes Microsoft sur des ordinateurs fabriqués localement. Et connecter les villages vietnamiens avec le village global.