Le constructeur n'en démord pas: il confirme ses investissements dans la ligne de processeurs UltraSparc, tout en accentuant son partenariat avec AMD, loin d'Intel. En tirant parti de Solaris mais sans négliger Linux. Entretien avec John Fowler, vice-président Network systems group chez Sun Microsystems, en visite à Paris

Le constructeur n'en démord pas: il confirme ses investissements dans la ligne de processeurs UltraSparc, tout en accentuant son partenariat avec AMD, loin d'Intel. En tirant parti de Solaris mais sans négliger Linux. Entretien avec John Fowler, vice-président Network systems group chez Sun Microsystems, en visite à Paris

Sun ne baisse pas les bras, loin s'en faut. Le groupe paraît avoir été comme dopé par son récent rachat, StorageTek.

Le fait est là: la firme de Scott McNealy réussit à maintenir ses axes directeurs, alors même que certains d'entre eux doivent nécessairement être lourds financièrement.

Le processeur Niagara suit son cours, et dans le cadre de l'accord avec Fujitsu, APL est confirmé attendu pour cet été. Des modèles T1000 et T2000, le premier orienté serveur Web est mono-processeur et multi-threads, l'autre est multi-processeurs.

Le futur UltraSparc, qui est toujours annoncé derrière le nom de code «Rock», est programmé pour la fin 2006 ou début 2007. Les développements s'inscrivent dans la lignée de la version V9, 3a+ et sont toujours partagés au sein d'une alliance où figurent d'abord Fujitsu et des fabricants intégrateurs spécialisés, travaillant par exemple dans le militaire ou l'aérospatial.

Son architecture «multi-coeurs» - chaque cœur disposant d'un module de calcul en virgule flottante, ce qui le différencie du Niagara qui ne dispose que d'un unique contrôleur en virgule flottante pour l'ensemble des cœurs - supporte le «multi threading».

L'un des arguments en faveur de l'UltraSparc est bien évidemment sa forte interopérabilité avec le système d'exploitation «maison» Solaris.

La lignée des processeurs Niagara suit également son cours: tous les

nouveaux outils autour de ce processeur, depuis l'origine, ont été conçus et développés par des équipes R&D de Sun. D'où une grande maîtrise du système, et des délais raccourcis. La sortie, en 2005, a pu être avancée de 6 mois...

«Il faut réaliser que Sun ne fabrique pas ses processeurs. Nous nous concentrons d'abord sur leur conception, leur cahier des charges. La fabrication industrielle, en série, est sous-traitée à Texas Instruments, avec une capacité de production qui a dépassé le million d'unités en 2005.»

Par ailleurs, Sun ne cache pas sa grande satisfaction d'avoir opté pour l'Opteron d'AMD -le processeur 32/64 bits, excellent vecteur d'une migration douce vers l'adressage 64 bits pour de nombreuses applications dans le monde. Les relations entre ingénieurs Sun et AMD sont étroites, quotidiennes, semble-t-il.

Malgré ses précédents échecs sur ce marché,Sun développe une nouvelle ligne de serveurs 'Blade', mais semble regretter que la demande ne soit pas plus forte (moins de 10% du marché des serveurs). Le constructeur finalise ses modèles de 3è génération pour lesquels il s'est notamment appliqué à optimiser la consommation d'énergie, réfroidissement inclus.

«Ce qui compte dans ce contexte, c'est de se concentrer sur le ratio d'efficacité par kilo-watt d'énergie. C'est le critère clé dans les data-centers aujourd'hui. Car l'amortissement des salles blanches informatiques est très long!»

Cette haute capacité dans le ratio puissance de calcul sur consommation d'énergie est un des points forts de la ligne de serveurs Galaxy (sensibilisation aux coûts d'énergie & le SWaP, une nouvelle métrique de Sun).

En conclusion, Sun Microsystems continue de rebondir grâce à ses multiples cartes. Sa diversification entre AMD et son partenaire Fujitsu, son appui sur la fabrication de T.I. s'avèrent avoir été une stratégie payante. «Il faut bien réaliser que le monde a changé», souligne John Fowler.

«Les entreprises ne sont plus prisonnières de l'alliance quasi-monopolistique qui a perduré entre Microsoft et Intel (le fameux modèle «Wintel» incontournable). Pour nous, le tournant historique est intervenu il y a 4 ans environ, lorsque nous avons reçu les premiers Opteron d'AMD, nous avons été bluffés par le fait que nous avons pu faire fonctionner Solaris tout de suite. Je vous avoue aujourd'hui que nous n'y croyions pas!.»

Reste à démontrer dans les faits la pertinence de la stratégie de Sun. En effet, le rachat de Storagetek prend parfois des allures de «bouée de sauvetage» vers le service et un marché en forte progression, afin de compenser les difficultés des autres divisions du groupe.