L'industrie du logiciel, très touchée par le piratage et la copie de logiciels, s'inquiète.

L'industrie du logiciel, très touchée par le piratage et la copie de logiciels, s'inquiète.

Assez pour inviter les journalistes à une rencontre sur la propriété intellectuelle, qui marquait le coup d'une initiative de Microsoft pour «éduquer» la population sur le piratage.

Car si on parle beaucoup de piratage de musique, le piratage de logiciels, moins médiatisé, n'en est pas moins important, particulièrement au Canada.

Selon l'Association canadienne contre le piratage de logiciels, 36% des logiciels utilisés en entreprise au Canada n'auraient pas été obtenus légitimement. Une perte de 1,1 milliard de dollars pour l'industrie, pour l'année 2004 seulement.

À table pour discuter avec les journalistes, étaient notamment invités, en plus d'une représentante de Microsoft, des gens de chez Druide, d'Autodesk et de Nikasa. Tous conçoivent et vendent des logiciels.

Et tous se font pirater. Dans le cas de Microsoft, c'est connu. Des versions piratées de Windows sont installées sur plus d'un ordinateur au Québec.

Mais lorsque sortira Vista, les pirates auront plus de difficulté à le pirater, prévient la directrice de la conformité des licences chez Microsoft Canada.

«Nous avons regardé ce que les pirates ont fait avec nos systèmes d'exploitation précédents, dit Susan Harper. Pour Vista, nous avons des tactiques anti-piratage à l'intérieur même du logiciel. Ce sera difficile de faire des copies.»

Ça peut être difficile à croire. Car quand des milliers d'internautes s'unissent pour craquer un logiciel, les résultats sont généralement rapides.

Une «éthique» du téléchargement

Druide Informatique a vécu l'expérience avec son populaire logiciel Antidote. Celui-ci s'est retrouvé sur des sites de téléchargement, si bien qu'Éric Brunelle, cofondateur de la compagnie, estime que 12 000 téléchargements d'Antidote ont été faits en six mois. Pour Druide, c'est autant d'argent perdu.

«Le piratage est encore associé au CD qu'on passe à son beau-frère en lui disant, met ça sur ton ordinateur. Ce n'est plus ça», dit Éric Brunelle.

Une affirmation qui a fait sourciller ses collègues présents à la rencontre. Car pour eux, il n'y a pas de demi-mesure: on vole ou on ne vole pas. Point final.

«Voler Microsoft ou voler Druide, pour moi c'est la même chose, dit Marc Petit, vice-président des opérations chez Autodesk. On altère l'éthique en disant qu'une chose ou l'autre n'est pas grave. On ne peut plus dire: je ne savais pas

Reste que plusieurs se sont fabriqués leur propre éthique du téléchargement. Certains téléchargent seulement les produits provenant d'artistes ou de compagnies millionnaires, d'autres téléchargent tout sous prétexte que c'est leur droit, d'autres encore achètent systématiquement les produits locaux.

Pour l'avocat Marek Nitoslawski, qui a notamment travaillé avec l'ADISQ sur des questions de propriété intellectuelle, peu importe ce qui est ou n'est pas téléchargé, ça révèle de la «même approche philosophique».

«Il faut mettre tout le monde dans le même bateau», dit-il. Et appeler un chat un chat. Télécharger c'est voler, dit-il.

Chez Autodesk, Martin Petit se défend bien de vouloir culpabiliser qui que ce soit. Il déplore toutefois le manque d'éducation des gens à ce sujet. «On ne vole personne en vendant nos produits. Ils sont extrêmement coûteux à développer», dit-il.

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