Quand le manufacturier Samsung a décidé de créer un véritable concurrent au lecteur numérique iPod de Apple, au début de l'année dernière, il s'est tourné vers une petite boîte d'informatique peuconnue de la Silicon Valley. Cette compagnie, Iventor Inc., était logée dans un bureau d'une seule pièce au-dessus d'une agence de courtiers immobiliers...

Quand le manufacturier Samsung a décidé de créer un véritable concurrent au lecteur numérique iPod de Apple, au début de l'année dernière, il s'est tourné vers une petite boîte d'informatique peuconnue de la Silicon Valley. Cette compagnie, Iventor Inc., était logée dans un bureau d'une seule pièce au-dessus d'une agence de courtiers immobiliers...

Elle était toutefois dirigée par Paul Mercer, un ingénieur en informatique de 38 ans, qui avait déjà été concepteur de logiciels pour Apple Macintosh. Mercer avait aussi été impliqué dans la conception originale du iPod, confiée par Apple à la firme Pixo Inc., alors la propriété de l'ingénieur. Il avait fondé cette compagnie à la suite de son départ d'Apple Macintosh en 1994. Apple avait contacté Pixopour créer le modèle simple d'interface pour les lecteurs musicaux et le nom Pixo apparaît sur le modèle original du iPod. Pixo a été racheté en 2003 par Sun Microsystems.

Le choix de Mercer par Samsung était donc particulièrement judicieux et le résultat de leur collaboration, le lecteur portatif MP3 Z5, se retrouvera sur les tablettes des magasins au cours du weekend.

«Paul a été impliqué dans le projet dès le début afin de concevoir et de fabriquer l'interface de l'utilisateur du Z5», mentionne Phillip Chung, vice-président de la division de l'audiovisuel numérique de Samsung. Le Z5 devrait se vendre entre 199$ et 249$ et Samsung espère sabrer dans les parts de marché d'Apple avec ce nouveau produit.

Ceux qui ont eu la chance de tester le nouveau lecteur ont été impressionnés par la simplicité et la facilité d'utilisation du nouveau logiciel, des points forts traditionnels des produits Apple.

Le souci des détails

«Paul est un ingénieur en informatique vraiment minutieux. Il sait comment dessiner les petites pièces pour le code du logiciel », souligne Steve Capps, chef de groupe de projet Newton, qui a conçu l'ordinateur de poche.

Originaire du nord de l'État de NewYork, Mercer a toujours été très intéressés par l'informatique et il a étudié les sciences informatiques à l'Université de Syracuse. C'est là qu'il a commencé à créer des programmes pour Macintosh et qu'il a été repéré par Apple, qui cherchait de jeunes programmeurs.

Il est rapidement devenu l'un des deux ingénieurs responsables de la création du System 7 pour le programme Macintosh Finder. Vers 1988, on lui a donné carte blanche pour mettre au point de nouvelles idées pour la compagnie.

Au début des années 90, avant la réunion des dirigeants de la compagnie, il leur avait présenté un modèle de poche de l'ordinateur Macintosh, plusieurs années avant que les modèles Newton, Palm Pilot ou General Magic ne soient mis en vente. La technologie était brillante. Mercer a vite réalisé sa naïveté quant à la réception qu'il s'attendait à recevoir avec son invention.

Plutôt que de recevoir des félicitations, il a reçu un appel du directeur exécutif John Sculley, qui lui a dit qu'Apple venait de signer une entente avec la compagnie électronique Sharp pour concevoir le projet Newton et qu'il n'y avait pas de place dans la compagnie pour un projet concurrent. Il a donc été prêté à Sharp pour travailler sur les ordinateurs portables jusqu'à ce qu'il quitte Apple, en 1994, pour fonder Pixo.

Une équipe réduite

Profitant de la vague des «dotcom», Pixo a connu un développement météorique et Mercer s'est vite retrouvé avec une centaines d'employés hyperqualifiés que les grandes compagnies embauchaient pour développer leurs projets de pointe. «J'ai vendu cette compagnie parce que c'était devenu trop grand, dit-il. Un créateur doit garder une vision d'ensemble de tous les projets de sa compagnie et j'avais l'impression que c'était devenu impossible. Nous avions l'impression, moi et mes proches collaborateurs, que nous dispersions nos énergies.»

Avec Iventor Inc., Mercer est très prudent sur les projets qu'il met en chantier et son équipe est réduite. Cela l'oblige à mettre la main à la pâte et à retrouver les horaires infernaux de ses débuts. «Nos partenaires de Samsung étaient en Corée et nous étions souvent obligés de travailler de nuit, rappelle-t-il. De toute façon, nous avons souvent accompli des semaines de 100 heures de travail et plus au cours des mois intensifs de développement...»

Mercer a gardé la passion du génie et l'envie de créer des produits originaux. «Avec Samsung, j'avais envie de développer un nouveau logiciel, plus performant, pour les lecteurs numériques, explique-t-il. Je reste fasciné par les ordinateurs personnels et je rêve de concevoir un appareil de petit format qui permettrait d'obtenir un accès complet aux informations et aux médias.»