La construction au Vietnam d'une usine du géant américain de l'informatique Intel, annoncée officiellement mardi, va conférer au pays asiatique un nouveau statut, celui d'un marché désormais capable de développer des technologies de pointe, estiment les analystes.

La construction au Vietnam d'une usine du géant américain de l'informatique Intel, annoncée officiellement mardi, va conférer au pays asiatique un nouveau statut, celui d'un marché désormais capable de développer des technologies de pointe, estiment les analystes.

L'investissement de 605 millions de dollars dans le sud du pays du leader mondial des puces informatiques, le plus gros de la part d'une entreprise américaine au Vietnam jusqu'à présent, est unanimement salué comme un pas gigantesque pour son développement économique.

«La décision d'Intel est un sceau en or massif pour le Vietnam en tant que destination de classe mondiale pour les investissements étrangers», estime Walter Blocker, président de la chambre de commerce américaine à Ho Chi Minh-Ville.

Le fait que le groupe ait finalement penché en faveur de ce pays, dont la croissance économique s'est stabilisée autour des 7 ou 8 % depuis cinq ans, constitue un tremplin.

«Désormais, les groupes américains et étrangers en général vont regarder le pays comme une destination possible pour leurs investissements en technologies de l'information».

C'est maintenant toute la filière qui se frotte les mains. Du matériel informatique aux logiciels et progiciels, des grands groupes aux petites start-ups locales, tous les acteurs veulent emboîter le pas d'Intel.

«La présence d'Intel est un investissement technologique important pour les producteurs de matériel», relève Nguyen Trung Chinh, directeur général de CMC, un des plus grands groupes vietnamiens du secteur. «Elle va sans doute attirer d'autres investisseurs satellites», espère-t-il.

L'importance du projet n'a pas échappé aux autorités politiques du pays. Intel débarque dans le pays communiste moins d'un an après le voyage aux Etats-Unis du premier ministre Phan Van Khai, le premier depuis 1975.

Le Vietnam, qui négocie actuellement avec Washington son intégration dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC), compte beaucoup sur les investissements américains dans les prochaines années.

«La délivrance de la licence est le résultat d'une forte volonté politique au sein même du politburo (du parti communiste)» relève Chinh. «Ce que nous voulions, ce n'était pas les 600 millions de dollars, c'était le nom Intel».

Pas à pas, le pays s'imagine un avenir dans les industries à haute valeur ajoutée, pour enrichir un tissu industriel qui repose aujourd'hui surtout sur sa main d'oeuvre bon marché.

«Ce n'est pas seulement le plus gros investissement américain au Vietnam, c'est surtout le plus grand dans un secteur sur lequel le pays compte beaucoup,» se réjouit Pham Chi Lan, une des conseillères économiques personnelles du Premier ministre.

«C'est essentiel pour connecter le Vietnam à la région et au monde. Intel aide le pays à intégrer l'économie mondiale», ajoute-t-elle.

L'enthousiasme est d'autant plus unanime que nul ne semble douter de la pertinence du choix du groupe établi à Santa Clara, dans la Silicon Valley, pour son propre développement.

Le Vietnam ressemble fort à une nouvelle frontière: les entreprises publiques et privées sont sous-équipées et devront investir, la main d'oeuvre est considérée comme réceptive et docile. Et le Vietnam est le marché le plus dynamique de toute la région dans ce secteur.

Pour Henry Nguyen, manager du fonds d'investissement américain IDG Venture Vietnam, Intel a tout à gagner. «Il n'y a pas de meilleure opportunité pour les entreprises d'informatique dans toute l'Asie du sud-est», assure-t-il.