Saint-Camille à 30 minutes de Sherbrooke et à 20 minutes d'Asbestos vient d'être connecté à Internet haute vitesse. Pour la communauté de 450 habitants, c'était une priorité. Il y a trois ans, les villageois ont sauvé l'école de 80 élèves grâce au projet d'école éloignée en réseau piloté par le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO). Maintenant ils rêvent d'augmenter leur population de 10 % avec la même stratégie. Pour eux, la fibre optique signifie la fin du déclin de Saint-Camille.

Saint-Camille à 30 minutes de Sherbrooke et à 20 minutes d'Asbestos vient d'être connecté à Internet haute vitesse. Pour la communauté de 450 habitants, c'était une priorité. Il y a trois ans, les villageois ont sauvé l'école de 80 élèves grâce au projet d'école éloignée en réseau piloté par le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO). Maintenant ils rêvent d'augmenter leur population de 10 % avec la même stratégie. Pour eux, la fibre optique signifie la fin du déclin de Saint-Camille.

Josée Beaudoin, responsable du projet d'école en réseau du CEFRIO, affirme qu'être un village branché au Québec, c'est se donner une longueur d'avance pour attirer des entreprises, des familles, des travailleurs autonomes. Mais c'est aussi une manière moderne de repeupler les régions et d'offrir des services de qualité à des petites clientèles.

Saint-Camille a pris le virage des TI, il y a quatre ans, en adhérant au projet d'école éloignée en réseau. Aujourd'hui, le village est branché haute vitesse grâce aux efforts déployés par la commission scolaire des Sommets mais aussi par la MRC d'Asbestos qui a adhéré à Villages branchés.

Programme de 150 millions $

Villages branchés, c'est la continuité d'école en réseau. Le programme lancé par le gouvernement du Québec en 2002 a pour but d'offrir la fibre optique aux petites communautés rurales. Québec a débloqué une aide de 150 millions $ pour ce programme à frais partagés dont les deux tiers sont assumés par l'État et le tiers par les commissions scolaires et les municipalités. À l'heure actuelle, une cinquantaine de branchements ont été acceptés.

Jacques Thibault, coordonnateur du programme Villages branchés affirme qu'à ce jour à peu près toutes les commissions scolaires du Québec sont connectées haute vitesse et par ricochet les hôtels de ville, les bibliothèques et les centres communautaires le sont aussi. Quant aux branchements résidentiels, ça dépend du fournisseur de services, explique-t-il. À Saint-Camille, le fournisseur Câble Axion Digitel a connecté le résidentiel.

Sylvain Laroche, président du centre culturel le P'tit bonheur de Saint-Camille, explique que les gens du village ont mis près de quatre ans à concrétiser ce projet. Notre objectif premier, c'était de stopper le déclin démographique ; le deuxième d'amener des entreprises et des travailleurs dans la communauté.

En 2001, nous avons gagné une première bataille en maintenant notre école ouverte. Avec le projet d'Écoles éloignées du CEFRIO, c'est toute la communauté, dit-il, qui est sortie de son isolement. Grâce à des outils comme la vidéoconférence dans Internet et la télécollaboration, les élèves et les professeurs ont bénéficié d'apprentissages nouveaux et de ressources multiples. Appendre l'espagnol n'est plus impossible.

La fibre optique, c'est un atout. Ça permet de retenir des entreprises, poursuit M. Laroche. Constructions Randard en est un exemple. La compagnie de Saint-Camille spécialisée dans la réfection de structures ne sent plus le besoin de déménager. Le branchement haute vitesse leur permet de consulter à distance plans et devis d'un simple clic de souris. Des professeurs et chercheurs de l'Université de Sherbrooke ont aussi décidé de s'établir à Saint-Camille quand ils ont appris que la haute vitesse s'en venait.

Ce qui a donné aux élus municipaux l'idée d'imaginer des nouveaux types d'habitats. Deux projets immobiliers sont en marche. Leur particularité est de rapprocher les citoyens de la nature. «Notre but n'est pas simplement de vendre des terrains, poursuit Sylvain Laroche, mais de générer de l'activité agroforestière et maraîchère». Saint-Camille propose un développement agroforestier pour des petites productions telles que framboises, fraises, miel, fromage, champignons, etc. La superficie des terrains varie de 2 à 20 acres. Le deuxième projet s'articule autour du jardin communautaire de la municipalité. Chaque futur résident pourra ainsi cultiver un bout de terrain et vendre sa récolte à travers la Coopérative locale La Clef des champs. Évidemment, nous avons téléchargé nos projets dans le Net, de préciser M. Laroche. Et la réponse est enthousiaste. Nous avons beaucoup de jeunes professionnels (biologiste, agronome, professeur, ingénieur forestier) qui se sont montrés intéressés. Pour plusieurs, c'est un retour dans leur village, pour d'autres, c'est un projet de société qu'ils veulent partager.

Et comme le village est branché, dit-il, beaucoup de couples sont doublement intéressés parce que nous avons une école en réseau, un centre culturel bien organisé et des modèles de développement novateurs. Saint-Camille a même l'intention d'apporter la fibre optique jusqu'à la ferme. «Il y a un projet de connexion pour une ferme des environs, précise encore M. Laroche. Notre objectif est de voir dans quelle mesure ça peut aider nos agriculteurs.»