Le cyberterrorisme, utilisation des nouvelles technologies pour provoquer des dégâts majeurs par des groupes comme l'État islamique, est une menace imminente qu'il faut prendre au sérieux, ont estimé mardi à Davos de hauts responsables.

Lors d'une table ronde consacrée au «Terrorisme à l'âge digital», le prince saoudien Turki bin Faisal Al Saud, ancien chef des services de renseignements de son pays, a ainsi estimé que «la menace inquiétante est le recours au cyberterrorisme. Les groupes terroristes, grâce à leur bonne maîtrise des technologies modernes, vont l'employer pour faire avancer leur cause».

«Ils cherchent les façons les plus mortelles d'utiliser les technologies modernes, a-t-il ajouté. «Ils ne s'en priveront pas».

Pour le général pakistanais à la retraite Raheel Sharif, qui commandait jusqu'en novembre dernier l'armée pakistanaise, il s'agit là «d'une vraie menace. Avec les progrès technologiques augmentent les risques que quelqu'un pirate un système sophistiqué et s'en serve pour provoquer le maximum de dégâts».

Ce genre de menace «devrait nous empêcher de trouver le sommeil», a-t-il ajouté. «Nous devons trouver de meilleurs moyens de protéger les systèmes informatiques. Il peut y avoir des piratages bien plus dangereux que ceux qui consistent à pénétrer dans les systèmes de partis politique», a-t-il dit, évoquant le piratage, attribué par la CIA à la Russie, du parti démocrate américain pendant la campagne électorale aux États-Unis.

«Ce serait une évolution logique pour des groupes qui deviennent de plus en plus experts en la matière», a pour sa part estimé Rob Wainwright, directeur d'Europol. «Et même s'il leur manque des savoir-faire, ils peuvent aisément les acheter sur le darknet (partie d'internet cryptée et non référencée dans les moteurs de recherche classiques qui offre un plus grand degré d'anonymat à ses utilisateurs, NDLR), où le commerce d'instruments de cybercriminalité est florissant».

«Cela dit, il n'est pas si facile de s'en prendre aux infrastructures cruciales de la plupart des pays», a-t-il estimé. «Et ce n'est pas quelque chose qui provoque un effet aussi immédiat et spectaculaire que de tirer à l'arme automatique dans une salle de spectacle. Je ne suis pas certain que cela va advenir, mais c'est clairement un scénario auquel nous devons nous préparer».

Le patron d'Europol a précisé que le seul site Twitter avait fermé, au cours de la dernière année, un quart de million de comptes en lien avec les jihadistes de l'organisation État islamique et que Europol estimait que pas moins de 90 plateformes différentes et médias sociaux étaient actuellement utilisés par l'EI.