À Québec, un étudiant en aménagement du territoire met sur pied un service destiné à concurrencer la propriété automobile. Il crée ainsi ce qui deviendra, 24 ans plus tard, l'un des plus grands parcs de voitures partagées en Amérique du Nord - et surtout, une solution pour un avenir plus vert.

Plusieurs croient que Communauto est née du mémoire de maîtrise de Benoît Robert. C'est en partie vrai. Or, le service a connu un succès si rapide qu'il a pris son étudiant par surprise et fait de l'écologiste en herbe un homme d'affaires malgré lui, si bien que le fondateur a remis sa thèse près de 10 ans plus tard. « Mon directeur allait prendre sa retraite. Je n'avais plus le choix! » lance le sympathique dirigeant.

L'idée a germé à l'époque où Benoît Robert était étudiant au bac à l'Université du Québec à Montréal. Il fréquentait le mont Saint-Bruno pour y faire du ski de fond. Mais en raison des allers-retours en transport en commun, il passait plus de temps en bus qu'en ski.

Les entreprises de location de véhicules refusaient de lui louer une voiture pour quelques heures. C'est là que le jeune sportif a flairé la mission urbanistique et environnementale qui l'attendait.

Candidat à la maîtrise à l'Université Laval, il entreprend des recherches sur le concept de l'autopartage. Il découvre des services comparables à Amsterdam et à Montpellier, mais aussi en Amérique du Nord, soit à Philadelphie et à San Francisco. Ce n'est toutefois jamais concluant. Lors d'un stage au ministère des Transports, on lui refile un article dont il se rappelle encore le titre : Comment les Berlinois ont appris à partager leurs voitures.

Il a la conviction qu'un tel service est viable, utile et nécessaire. Il surmonte un à un les nombreux écueils - dont celui de trouver une compagnie d'assurance qui accepte de gérer un « risque inconnu ». Pour l'anecdote, cet « inconnu » trouve pourtant un visage : le premier accident a eu lieu entre Québec et Montréal, et c'est Benoît Robert en personne qui était au volant!

Projet d'avenir

« On a commencé avec 3 autos, 20 clients, et je n'avais pas 30 ans », rappelle l'homme de 54 ans. Aujourd'hui, Communauto dessert les grandes villes du Québec, et est présente en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Elle a même des voitures à Paris. Bon an mal an, elle accumule les distinctions et multiplie les partenariats.

Forte du plus imposant parc de voitures au Québec, l'équipe est actuellement en pleine stratégie d'expansion et vise à dépasser son principal concurrent au pays. « En décembre, nous aurons 2 500 voitures au Canada », lance fièrement le président-directeur général, qui ne possède toujours pas de voiture personnelle.

La clé

Pour qu'un tel service ait du succès, la tarification doit être concurrentielle vis-à-vis de la propriété d'un véhicule.

« Communauto est vraiment utile grâce à la qualité et à la flexibilité de son offre. Il s'agit d'un service de proximité. La nuit, le jour, dans un court délai ou pour quelques minutes seulement, tout doit être possible. Elle est là, la force de notre entreprise. » - Benoît Robert, fondateur de Communauto

Ce service de partage de voitures propose deux formules : l'une avec réservation, l'autre sans réservation. Avec la première, l'usager réserve l'une des 1 000 voitures à sa disposition jusqu'à un mois à l'avance pour la durée de son choix, puis la rapporte là où il l'a prise. La deuxième, appelée « Auto-mobile », comporte un parc de 600 voitures réparties de manière aléatoire dans un quartier donné. L'usager n'a qu'à « bloquer » son auto au moyen de l'application, et il a 30 minutes pour aller la chercher. Il se déplace sans s'encombrer de rapporter la voiture à son point de départ. Fait intéressant : pour les deux services, l'essence est incluse dans le prix d'abonnement.

« Communauto, vue au départ comme un service un peu "grano", par certains du moins, prend aujourd'hui des allures de solution verte pour le présent et l'avenir », souligne son président. Et cette fois, Benoît Robert n'aura pas besoin d'en faire un mémoire de maîtrise pour le prouver!

Consultez le site de Communauto

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L'AUTOPARTAGE EN CHIFFRES                                                                                                          (Sources : Polytechnique Montréal et Tecsult (AECOM), 2013)

• 74 % des clients de Communauto vendent leur voiture ou renoncent à en acheter une deuxième.

• Sans abonnement, il en coûte un maximum de 0,40 $/minute ou de 12 $/heure pour se balader en ville avec l'option Auto-mobile.

• En décembre 2018, Communauto comptera un parc de 2 500 voitures.

• Chaque abonné réduit en moyenne ses émissions de gaz à effet de serre de 1,2 tonne par année.

• Un véhicule en autopartage remplace de 8 à 10 véhicules privés.