Dans l'esprit de plusieurs, l'Indonésie se résume à Bali. Ce serait mettre de côté - à tort - les 921 autres îles habitées de l'archipel. Comme l'île de Sulawesi, qui vaut à elle seule amplement le détour. Avec son étonnante biodiversité, ses somptueux fonds marins et ses habitants pratiquant un mystérieux culte de la mort, cette destination a de quoi surprendre même les plus exigeants des bourlingueurs.

Vingt mille merveilles sous les mers

Sulawesi frappe d'abord l'imaginaire par la qualité et la beauté de ses sites de plongée. Cap vers le parc national Bunaken, une vaste aire sous-marine qui protège l'habitat naturel de 390 espèces de coraux et de 2 000 espèces de poissons plus colorés les uns que les autres. En apnée ou en bouteille, on fraye avec bonheur dans ses eaux claires à souhait - une visibilité de 20 à 25 mètres - parmi les hippocampes, les anges de mer impériaux et les tortues. De passage dans le sud-est de Sulawesi? On accoste aux îles Tukangbesi, jadis le terrain de jeu favori du regretté explorateur Jacques Cousteau.

On se la joue Indiana Jones

À la rencontre de l'Asie et de l'Océanie, les forêts de Sulawesi abritent l'une des biodiversités les plus riches de la planète avec des espèces animales qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Un trek dans la jungle quasi impénétrable de la réserve naturelle Tongkoko suffit pour s'en convaincre. On se taille un chemin à la machette dans cet environnement suffocant avant d'observer le minuscule tarsier spectre, un attendrissant primate faisant 130 grammes, ou encore le calao des Célèbes, un oiseau dont le bec est surmonté d'une corne. Mais il vaut mieux embaucher un guide local avant de s'aventurer dans la jungle : certains pythons sont si énormes qu'ils peuvent gober un adulte!

Des traditions uniques

L'isolement géographique de cette île cosmopolite (117 langues parlées) a contribué à maintenir vivantes un grand nombre de traditions hors du commun. Chez le peuple toraja, dans les montagnes du sud, les familles ont la coutume de conserver leurs défunts plusieurs jours à la maison. Les proches continuent à les baigner, à les vêtir et à les nourrir jusqu'à l'enterrement, célébré en grande pompe. Pour l'occasion, on sacrifie des buffles et on transporte les dépouilles dans des caveaux creusés à même la falaise. Au-dessus des tombeaux, des statuettes de bois à l'effigie des disparus viennent rappeler aux vivants que leurs ancêtres sont toujours parmi eux.

Terre nourricière

Dans les hautes montagnes de Sulawesi, chaque route, chaque sentier mène à de majestueux paysages de rizières en terrasse, résultat du travail minutieux de ses habitants. Sur l'île, la culture du riz est encore artisanale et emploie une armée de villageois. Toutes les générations sont interpellées : les plus jeunes vont aux champs, les pieds dans l'eau, tandis que les plus âgés sont responsables de la délicate tâche de trier les grains. Cette tradition séculaire atteint son point d'orgue aux mois de mai et juin lorsque les vallées prennent des teintes vert émeraude. On suit les villageois jusqu'au marché de Rantepao. C'est l'occasion d'essayer une grande variété de fruits, de légumes et de mets exotiques.

Pays de volcans

Tout comme le reste de l'Indonésie, Sulawesi est à l'intérieur de la ceinture de feu du Pacifique. Treize volcans se trouvent dans la péninsule nord et dans les îles avoisinantes de Sangihe. Si certains sont inactifs depuis belle lurette, d'autres, comme le Lokon, se plaisent à rappeler leur présence. Son éruption en 2011 avait forcé l'évacuation de milliers d'insulaires. Au complexe volcanique d'Ambang, des guides offrent désormais des randonnées qui se veulent aussi trépidantes qu'éducatives. On a l'occasion de grimper le stratovolcan de 1795 mètres d'altitude par d'anciennes coulées de lave et de s'approcher de vastes cratères d'où émane une inquiétante odeur de soufre. Pour les intrépides seulement...

Photo : Julie Stevens

Envie de partir?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Sulawesi est taillée pour les voyageurs au long cours. Air Canada et Qatar Airways proposent des vols quotidiens Montréal (YUL)-Makassar (UPG) d'une durée de 25 à 35 heures avec deux correspondances. Une fois sur l'île, il faudra s'accoutumer au mauvais état des routes et aux horaires erratiques du transport en commun. Mieux vaut prévoir un minimum d'un mois pour s'imprégner comme il se doit de l'atmosphère de Sulawesi et éviter les contretemps fâcheux. En revanche, le coût de la vie y est plus qu'abordable. Un couple en mode gîte et sac à dos peut s'en tirer avec un budget mensuel de 3 000 $.

Photo : Julie Stevens

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