Une des grandes dames du ski de fond de l'histoire du Canada a pris sa retraite samedi après le marathon de 30 kilomètres. Sara Renner, qui a porté le drapeau unifolié pendant 13 ans aux côtés de Beckie Scott, a pris dans ses bras son époux Thomas Grandi et leur fille Aria, fait de grands saluts à la foule et tiré sa révérence.

C'est ainsi que se terminait l'une des plus grandes carrières de fondeuses au pays, elle qui avait uni ses efforts à ceux de Scott pour mériter une médaille d'argent aux Jeux olympiques de Turin il y a quatre ans.

Et Sara Renner ne pouvait choisir meilleur moment pour disputer sa dernière course puisque cette épreuve passera à l'histoire des Jeux olympiques.

En effet, les deux grandes rivales, la Polonaise Justyna Kowalczyk et la Norvégienne Marit Bjoergen, se sont livré une lutte épique. Ce n'est qu'en étirant la jambe à la toute fin de cette épreuve éreintante que Kowalczyk a pu mériter la médaille d'or, la première de l'histoire de son pays en ski de fond.

Kowalczyk obtenait une troisième médaille à ces Jeux, alors que Bjoergen, déjà gagnante de trois épreuves, récoltait sa cinquième breloque des Jeux. Kowalczyk a complété la très dure épreuve en une heure, 30 minutes, 33,7 secondes, devançant Bjoergen par trois dixièmes de seconde seulement.

La Finlandaise Aino-Kaisa Saarinen, déjà médaillée deux fois à Vancouver, a terminé troisième à 65 secondes de la tête.

Une belle journée, une belle vie

Mais la reine de la fête a été Renner, qui s'est bagarrée pour croiser le fil en 16e place à trois minutes, 30,5 secondes de la gagnante.

Elle termine sa carrière sportive avec une médaille aux Jeux olympiques, une autre aux championnats mondiaux et cinq podiums en Coupe du Monde.

«J'ai tout laissé sur la piste aujourd'hui, j'ai tout donné ce qui me restait d'énergie, a mentionné Renner qui tenait la petite Aria dans ses bras en répondant aux questions des journalistes. Ce fut une belle journée sous la pluie battante, un journée bien particulière pour terminer sa carrière.

«Tous les gens m'encourageaient, c'était très motivant.»

Renner, qui est originaire de la Colombie-Britannique, a mentionné que ce sont les Jeux de Calgary en 1988 qui lui ont donné le goût du ski de fond.

«Je n'avais que 12 ans quand j'ai regardé les Jeux à la télé et cela m'a tellement motivée. Maintenant, je pense que j'ai donné aussi beaucoup.

«Je pense que notre sport est sur une pente ascendante ici au Canada. Je vois tous les jeunes qui veulent maintenant faire comme nous parce qu'ils ont vu les Jeux de Vancouver.

«Si j'avais la chance, je referais tout exactement de la même façon. Et c'est sûr que si Aria veut skier, je vais l'encourager. Elle n'a que deux ans et déjà, elle se balade en skis. Je me suis fait tellement d'amis, j'ai pu relever tellement de défis, ce fut un belle vie. Avec Beckie, nous avons représenté un peu le renouveau du ski au Canada. Maintenant, l'équipe des gars est très forte et les filles s'en viennent sérieusement.»

Sara et Beckie ont tracé la voie. Maintenant, tout semble possible.

«Nous savons maintenant que le rêve est réalisable. C'est un sport dur, exigeant. Mais nous savons maintenant que nous pouvons nous battre pour les médailles face aux meilleurs.»

L'autre Canadienne inscrite, Madeleine Williams a connu une journée plus que difficile. Elle a terminé au 46e rang avec un retard d'exactement 12 minutes sur le premier rang.

«J'ai connu des difficultés dès le départ et j'ai souffert pendant toute la course, a dit Williams, qui était au bord des larmes. Juste le fait de terminer la course a été un exploit pour moi.

«Je suis fière d'avoir fait cette course, la dernière de Sara Renner. Elle nous a toujours inspirées. Elle a été un modèle pour nous.»

Une attaque importante

Kowalczyk et Bjoergen ont animé le débat pendant presque toute la course. Elles sont restées un peu en retrait quand à cinq kilomètres de la fin, la Norvégienne Kristin Stoermer Steira a lancé une attaque importante. Mais elle a été rattrapée quelques kilomètres plus loin. Et c'est Bjoergen qui a alors pris la tête.

À un kilomètres de la fin, dans la dernière montée, la Polonaise a repris les devants et même si Bjoergen a attaqué de nouveau, elle n'a jamais cédé.

«J'étais tellement fatiguée, mais je me disais que Bjoergen était fatiguée elle aussi, a confié la médaillée d'or. C'est formidable d'être championne olympique. Je n'en veux plus aux Norvégiennes. Je quitte ici avec une récolte de trois médailles et c'est tout ce dont je veux me souvenir.»

Quant à Bjoergen, la Norvégienne la plus décorée dans l'histoire des Jeux olympiques, elle mentionnait ne pas réaliser toute l'ampleur de ses performances.

«En revenant à la maison, je vais regarder tout cela et je vais alors commencer à réaliser tout ce que j'ai fait. J'ai des médailles de toutes les couleurs maintenant.

«J'ai poussé aussi fort que j'ai pu, mais aujourd'hui, Justyna était la plus forte.»