«Nos bras meurtris vous passent le flambeau... à vous maintenant de le porter bien haut.»Bien des gens connaissent cette inscription qui trône dans le vestiaire du Canadien de Montréal depuis plusieurs années déjà.

Jeudi, on a assisté à la passation des pouvoirs au sein de l'équipe féminine de ski de fond du Canada. Sara Renner, qui portait ce flambeau après que Beckie Scott l'eut tenu bien haut, après l'avoir elle-même reçu des mains d'Angela Schmidt-Foster, le donnera maintenant à Daria (Dasha) Gaiazova, cette jeune Russe d'origine, qui a commencé à compétitionner quand elle était à Montréal et qui est maintenant établie dans l'Ouest canadien.

Et la principale intéressée ne se cache pas pour dire qu'elle veut assumer ce rôle de leader de l'équipe, quitte à le partager s'il le faut avec Chandra Crawford.

«Ah oui», répond-elle sans hésiter quand on lui demande si elle est prête à devenir la meneuse de cette équipe.

«J'ai hâte de faire plus de courses internationales, de m'améliorer, de me battre pour les médailles. J'ai tout gagné ce qu'il y avait à gagner sur le circuit de la Coupe continentale et aux championnats canadiens. Là je veux gagner des courses en Coupe du monde.

«Ce n'est pas un rêve fou. Je sais ce que je dois faire. Je sais le travail que je dois faire pour y parvenir. Ca va prendre beaucoup de patience, beaucoup d'efforts. Mais j'ai hâte. A chaque course que je fais au niveau international, j'ai l'impression de m'améliorer. Je me dis que là, je dois améliorer mes départs, par exemple, mais que je vais bien mieux dans les courbes. Là, je dois améliorer ma vitesse. Ce sont des petites choses comme celles-là qui feront que je parviendrai là où je veux aller.»

Dasha Gaiazova voudrait que la prochaine saison commence dès maintenant tellement elle est enthousiaste.

«J'ai hâte aux prochaines courses. Je veux travailler et apprendre. Je suis prête à prendre la relève, Beckie et Sara ont été mes sources d'inspiration. Chandra également.

«Nous avons tellement soif de victoires.»

Les prochains Jeux d'hiver seront à Sotchi en Russie et Gaiazova ne voudrait les manquer pour rien au monde. Elle a quitté Moscou (Poucheino en fait) quand elle avait 15 ans pour se retrouver avec ses parents à Montréal, mais elle a laissé de la famille là-bas. Sa grand-mère Maria ne l'a jamais vue courir sur le circuit international et Dasha tient à ce qu'elle soit là dans les gradins pour l'encourager dans quatre ans.

«Elle a 78 ans, mais elle est encore en grande forme, a-t-elle raconté. Je vais lui dire qu'il n'y a aucune excuse qui tienne, qu'il n'y a pas de maux de dos, de maux de genou ou quoi que ce soit qui puisse l'empêcher d'être là. Tu te gardes en forme jusqu'à Sotchi et tu viens m'encourager dans mes courses, que je vais lui dire.

«Je la vois quelque fois quand je retourne en Russie, mais elle craint de prendre l'avion et elle ne m'a jamais vu skier. Je tiens à courir devant elle. Ce sera très spécial pour moi, mais c'est surtout pour elle que je veux le faire.

«J'espère que j'aurai alors amélioré mes temps de quelques secondes et que je pourrai me battre pour les médailles. C'est mon objectif. Ce serait un beau cadeau pour grand-maman.»

Crawford a mentionné après le relais 4x5 kilomètres, jeudi, qu'elle était fière surtout du travail offert par ses coéquipières et de se retrouver aux côtés de Dasha, Madeleine Williams et Perianne Jones.

«C'est la même équipe que nous avions aux championnats mondiaux juniors de 2003, a dit Crawford, médaillée d'or à Turin. Nous allons continuer de progresser. C'est un effort d'équipe.»

Pierre Harvey, gagnant de trois épreuves de Coupe du monde au cours de sa carrière, mentionnait qu'il était évident pour lui que Dasha Gaiazova allait devenir la meneuse de cette équipe.

«C'est bien évident, a-t-il dit. Elle a montré ici à ces Jeux qu'elle était prête à assumer ce rôle.»

Gaiazova s'est même permis de parler d'appuis financiers à long terme pour l'aider elle et ses coéquipières à atteindre le niveau supérieur.

«Il faut des appuis à long terme. Ce n'est pas parce que nous recevons des appuis financiers une année que nous allons automatiquement retrancher 30 secondes à nos temps de course. Ca ne fonctionne pas comme cela. C'est du travail de longue haleine. Les appuis que nous recevons maintenant ont rapporté des dividendes et continueront de le faire.

«Pour ma part, je sais que je dois travailler très sérieusement avec un seul entraîneur, par exemple. Je suis prête à le faire avec Chandra si elle le veut. Ce serait très profitable de travailler ensemble.»